Sahara occidental : Le Maroc en guerre totale contre les Sahraouis
Même la télévision marocaine a rompu son silence sur ce qu’il faut bien désormais appeler une guerre dans l’ex-colonie espagnole.
dans l’hebdo N° 1635 Acheter ce numéro
Rares sont les informations qui nous parviennent – même à l’heure des nouvelles technologies – du conflit pourtant en cours entre l’armée marocaine et le Front Polisario sahraoui, depuis la rupture mi-novembre du cessez-le-feu (datant de 1991) par Rabat, du fait de son intervention armée au sein de la « zone tampon » de Guerguerat à la frontière mauritanienne. On sait néanmoins que les combats se poursuivent entre les (désormais) belligérants puisque même la télévision marocaine a rompu son silence sur ce qu’il faut bien appeler une guerre, en montrant récemment des images de tirs à l’arme lourde par ses soldats. Des deux côtés, des blessés seraient à déplorer et des soldats marocains auraient été transportés dans les hôpitaux de Smara ou même au Maroc.
Tout journaliste ou autre observateur demeure soumis à l’interdiction par Rabat de se rendre dans l’ex-colonie espagnole annexée en 1975. Car aucune voix dissidente au discours colonial marocain ne doit pouvoir s’exprimer. Surveillé étroitement depuis des années, tout comme sa famille, même à l’étranger, l’historien Maati Monjib, professeur d’université très respecté dans les milieux intellectuels, et rare voix à défendre la liberté de la presse au Maroc, en particulier sur sa politique au Sahara occupé, aurait ainsi été « enlevé » le 29 décembre par des inconnus « en civil » dans un restaurant de Rabat. Alors que le Maroc vient de rétablir ses relations diplomatiques avec Israël, salué par Donald Trump qui a alors reconnu la prétendue « marocanité » de l’ex-colonie espagnole, en échange d’un milliard de dollars (notamment pour des fournitures militaires), l’ONG Human Rights Watch a publié une étude détaillée montrant que Rabat « applique les mêmes méthodes », coloniales et de peuplement, qu’Israël « réserve aux Palestiniens »…
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don