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Près d’un an après le premier tour des municipales, les résultats agrégés par étiquette politique ne sont toujours pas disponibles sur le site du ministère de l’Intérieur.
dans l’hebdo N° 1641 Acheter ce numéro
Symbole des temps. L’exécutif nous bombarde chaque jour du nombre de contaminations, d’hospitalisations (avec et sans réanimation), de décès et de vaccinations, mais près d’un an après le premier tour des municipales, les résultats agrégés par étiquette politique ne sont toujours pas disponibles sur le site du ministère de l’Intérieur. Cette absence est d’autant plus surprenante qu’elle est inédite. Au lendemain de chaque tour d’un scrutin, au pire le surlendemain, la Place Beauvau nous avait habitués jusqu’ici à diffuser une totalisation des résultats, transmise à l’Agence France-Presse et, depuis 2001, systématiquement publiée sur son site Internet (voir par exemple ici).
Ces résultats existent pourtant. Le député LR d’Eure-et-Loir, Olivier Marleix, qui les réclamait, en vain, depuis le 15 mars, a fini par en obtenir communication mi-janvier, nous apprend Le Figaro (13 février). Non sans avoir auparavant saisi la Cada (Commission d’accès aux documents administratifs). Ce dont lui donne acte Gérald Darmanin dans un courrier en reconnaissant que si les informations demandées « ont bien été publiées » dans les communes de plus de 3 500 habitants, « ces données n’ont pas été publiées de manière agrégée sur le site du ministère ». Elles ne s’y trouvaient toujours pas mardi matin. Et pour cause… La totalisation des résultats pour chacune des 21 nuances politiques ayant participé au scrutin n’est pas à la gloire du parti présidentiel. LREM atteint seulement 2,22 % sous ses propres couleurs !
Anticipant cette déconfiture, due à l’absence d’ancrage local du parti macronien, Christophe Castaner, le prédécesseur de Darmanin, avait imaginé à l’automne 2019 changer les règles de comptage des voix, en n’attribuant aucune nuance politique aux listes dans toutes les communes de moins de 9 000 habitants, soit presque la moitié de la population française.
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Mais le Conseil d’État, saisi par plusieurs partis (LR, PS, PCF…) avait suspendu sa circulaire, jugeant qu’elle portait atteinte à _« l’objectif d’information des citoyens ». Ainsi désavoué, l’Intérieur a néanmoins opté pour une rétention d’information très politicienne. Pour les cinq blocs principaux les résultats communiqués à Olivier Marleix sont les suivants : les gauches et les écologistes totalisent 36,66 %, le centre (LREM, MoDem et alliés) 15,98%, la droite (UDI, LR, Debout La France) 33,71 %, l’extrême droite 3,33 %, et listes « divers/autres » 10,32 %. Il n’est donc pas étonnant que le gouvernement ait conservé la possibilité de reporter les élections régionales et départementales au-delà du mois de juin. En fonction de l’évolution des chiffres de l’épidémie qu’il saura rendre publics, eux.
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