Un an de pandémie : Le blues des soignants

La crise sanitaire actuelle devait remettre au centre du jeu des ingrédients essentiels de notre système de soins. Que reste-t-il de cet espoir, un an après le début de la pandémie ?

Erwan Manac'h  • 24 février 2021
Partager :
Un an de pandémie : Le blues des soignants
© VOISIN /AFP

L’épreuve d’une extraordinaire brutalité que traverse notre système de soins devait remettre au centre du jeu des ingrédients essentiels : un zeste de solidarité nationale, de la confiance envers les soignants et la juste reconnaissance de leur engagement. Que reste-t-il de cet espoir, un an après le début de la pandémie ?

Le programme de dépistage a donné naissance à un marché désorganisé, offrant à quelques acteurs opportunistes de juteux effets d’aubaine, pendant qu’une main-d’œuvre précaire se retrouve, par endroits, surexploitée. Alors que la situation sanitaire reste extrêmement tendue, les soignants font de nouveau face aux « vices » de fonctionnement des hôpitaux et à la logique comptable qui les a fragilisés. Le ministère de la Santé a même pris conseil auprès de McKinsey et de six autres cabinets privés, apôtres du « tout-marché » – 28 contrats de consulting ont été signés depuis mars 2020. Les lits d’hospitalisation continuent d’être supprimés, le sous-effectif reste criant et les mesures du Ségur de la santé ont déçu la moitié des syndicats d’hospitaliers, qui battent encore et toujours le pavé.

Le tribunal de Paris entendait, le 22 février, le procès de leur colère. Ou plus exactement de celle d’une infirmière de 51 ans qui, le 16 juin, après avoir une énième fois hurlé dans les rues de Paris pour réclamer « du fric pour l’hôpital public » et essuyé des gaz lacrymogènes, avait brandi un doigt d’honneur et jeté des pierres sur les forces de police. Jugée pour « outrage »et « rébellion », elle plaide que son geste et sa colère sont plus que jamais « légitimes ». Comme un symbole, l’extrême violence dont elle a été victime lors de son interpellation, elle, ne semble devoir faire l’objet d’aucun procès.

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !
Santé 21 novembre 2024 abonnés

La santé, c’est (avant tout) celle des hommes !

Les stéréotypes sexistes, encore profondément ancrés dans la recherche et la pratique médicales, entraînent de mauvaises prises en charge et des retards de diagnostic. Les spécificités féminines sont trop souvent ignorées dans les essais cliniques, et les symptômes douloureux banalisés.
Par Thomas Lefèvre
La Confédération paysanne, au four et au moulin
Syndicat 19 novembre 2024 abonnés

La Confédération paysanne, au four et au moulin

L’appel à la mobilisation nationale du 18 novembre lancé par la FNSEA contre le traité UE/Mercosur laisse l’impression d’une unité syndicale, qui n’est que de façade. La Confédération paysanne tente de tirer son épingle du jeu, par ses positionnements et ses actions.
Par Vanina Delmas
À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »
Prostitution 18 novembre 2024 abonnés

À Toulouse, une véritable « chasse à la pute »

Dans la Ville rose, les arrêtés municipaux anti-prostitution ont renforcé la précarité des travailleuses du sexe, qui subissent déjà la crise économique. Elles racontent leur quotidien, soumis à la traque des policiers et aux amendes à répétition.
Par Pauline Migevant
« La généralisation de la contraception n’a pas permis une révolution sexuelle »
Entretien 18 novembre 2024 abonnés

« La généralisation de la contraception n’a pas permis une révolution sexuelle »

Dans son livre Des corps disponibles, la sociologue Cécile Thomé revient sur l’histoire des méthodes contraceptives pour comprendre comment elles façonnent la sexualité hétéro.
Par Salomé Dionisi