8 mars : Les femmes unies contres les violences
Les associations féministes ont prévu de descendre dans la rue les 7 et 8 mars pour faire valoir leurs droits à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes. Parmi lesquels, celui de ne plus être victime de violences conjugales.
Si les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête », le slogan du collectif féministe On arrête toutes résonnera de nouveau dans les rues de Paris à l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars. Deux rendez-vous sont à retenir. Dimanche 7 mars, de 13 heures à 17 heures, place de la République, un rassemblement est organisé à l’initiative d’une trentaine d’associations féministes. Lundi 8 mars, _« la marche des premières de corvées » s’élancera de Port-Royal à 13 heures et fera route vers la place de la République. Le collectif appelle à faire ce jour-là une « grève féministe », c’est-à-dire un arrêt des activités effectuées par les femmes aussi bien dans la sphère professionnelle que privée.
« Je ne veux pas hiérarchiser les luttes »
Le groupe On arrête toutes aura deux ans ce 8 mars. Et pour les associations féministes qui le composent, il est essentiel de pouvoir manifester dans la rue lors de cette journée de lutte pour les droits des femmes. Du fait de la précarisation des emplois liée à la crise du Covid-19, beaucoup de personnes ne pourront pas manifester ce lundi. C’est pourquoi les organisations féministes ont proposé de se retrouver dimanche, et lundi pour celles et ceux qui le peuvent. Le rassemblement du 7 mars à République sera rythmé par les interventions de femmes qui se battent pour la reconnaissance de leurs droits. Sévices, exclusion, précarité, accès aux droits seront les thèmes centraux débattus par les militantes.
« Je ne veux pas hiérarchiser les luttes », affirme Anne Leclerc dudit collectif. Les violences faites aux femmes, notamment celles commises dans la sphère familiale, sont un des sujets brûlants qui préoccupent la militante. « Les violences conjugales ont explosé pendant les différents confinements », s’inquiète-t-elle. Mais pour la chercheuse Evangelina San Martin Zapatero, spécialiste de la dimension spatiale de la violence conjugale, c’est surtout le nombre de révélations qui s’est accru. « Les violences existaient déjà mais il y a eu une réelle prise de conscience de la part des femmes quant à leur situation, durant cet isolement forcé », explique-t-elle. Selon le rapport de la mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains, _« les tchats de la plateforme de signalement des violences sexistes et sexuelles « Arrêtons les violences » ont été multipliés par 17 pour les faits de violences intrafamiliales ».
Un milliard d’euros pour lutter contre les violences faites aux femmes
Evangelina San Martin Zapatero fait actuellement partie d’un projet de recherche de l’Agence nationale de recherche (ANR), dirigée par Marion Tillous, enseignante-chercheuse en géographie et études de genre à l’université Paris-8-Vincennes Saint-Denis, sur la spatialité des violences conjugales et la crise du Covid-19. Toutes deux sont allées à la rencontre de victimes et des travailleur·ses sociales qui les accompagnent. _« La question de l’intersectionnalité _est importante car les femmes précaires ou étrangères sont très touchées par le phénomène des violences conjugales », expose Evangelina San Martin Zapatero. L’experte parle de femmes épuisées, comme « en état de guerre » lors de la phase de reconstruction qui est la leur : « L’accompagnement collectif, c’est-à-dire des rencontres entre femmes, est essentiel pour que ces victimes de violences conjugales se réapproprient l’espace public. »
« Si nous ne changeons pas de paradigme, la norme sociale sera toujours en accord avec la domination masculine », poursuit Evangelina San Martin Zapatero. Elle appelle de ses vœux « une politique anti-sexiste, anti-misogyne et anti-machiste » pour résorber le nombre de violences envers les femmes. Et la restriction de la liberté de mouvement des agresseurs est, selon elle, un enjeu crucial. Briser le silence ne suffit pas, il faut développer une réelle « culture de la protection » des femmes. Une opinion partagée par Anne Leclerc, qui demande une expulsion immédiate du domicile du conjoint violent.
Le collectif On arrête toutes demande 1 milliard d’euros pour lutter contre les violences faites aux femmes. « Les associations doivent recevoir des aides d’urgence », clame Anne Leclerc, qui décrit le manque de moyens des professionnels accompagnant les victimes. « Il faut un renforcement de la formation du personnel à tous les niveaux », alerte-t-elle.
Les femmes rassemblées dimanche 7 et lundi 8 mars chanteront la chanson « Stop Patriarcat » du groupe Les Rosies pour faire entendre leurs voix.
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