Mouvement climat : Le réveil des révoltes

Mis en pause par la crise sanitaire, le mouvement climat compte sur l’arrivée des beaux jours pour reprendre du service.

Vanina Delmas  • 17 mars 2021 abonné·es
Mouvement climat : Le réveil des révoltes
© Wojtek RADWANSKI / AFP

L’année de pandémie du Covid-19 a ralenti, voire gelé, les mobilisations pour le climat. Mais les motivations des militant·es sont intactes. Deux ans et demi après les premiers jours de grève et les marches pour le climat, des appels à se rassembler ont éclos il y a quelques semaines. Le mouvement mondial Friday for Future, né après les premiers actes de protestation de Greta Thunberg, appelle ainsi à une nouvelle grève mondiale climatique le 19 mars.

Les revendications ne varient pas : maintenir l’augmentation de la température mondiale en dessous de 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels, garantir la justice et l’équité climatiques et suivre les consensus scientifiques. Mais son nouveau slogan #NoMoreEmptyPromises (#PlusDePromessesVides) rappelle fermement les décideurs à leurs responsabilités.

Youth for Climate France (YFC) a relayé cet appel et des actions auront lieu les 19 et 20 mars dans plus de quarante villes.  « La détresse est si grande que nous avons envie de nous voir, donc nous avons opté pour une manifestation de rue, explique Léna Lazare, l’une des porte-parole du mouvement. Cette détresse sociale s’ajoute à l’écoanxiété que beaucoup d’entre nous ressentent déjà. Faire le lien avec la précarité des étudiants, renforcée par la crise sanitaire, est dans la continuité de notre combat mené depuis 2018, puisque la branche française de YFC est née quasiment en même temps que les gilets jaunes. »

Une semaine plus tard, le 28 mars, une marche « pour une vraie loi climat » est organisée pour « exiger une loi ambitieuse et défendre les mesures proposées par les 150 membres de la Convention citoyenne pour le climat (CCC) », le projet de loi climat et résilience devant être examiné à l’Assemblée nationale le lendemain. Un appel soutenu par plus de quatre-vingts associations, dont Alternatiba, Attac, la Ligue des droits de l’Homme et la plupart des membres de la CCC, déçus des premières traductions politiques et législatives de leurs propositions.

Parallèlement, des collectifs ont opté pour des actions ciblées, notamment le groupe -Soulèvements de la terre, né à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. « L’incertitude produite par la crise sanitaire ne doit pas nous empêcher de nous projeter et de nous organiser sur le long terme. […] Il est grand temps d’établir un rapport de force pour faire redescendre l’écologie sur terre », écrivent-ils. Comment ? En bloquant trois industries toxiques (béton, pesticides et engrais de synthèse), en occupant, rachetant ou reprenant des terres et en s’introduisant dans les lieux de pouvoir. Premier rendez-vous le 27 mars aux jardins des Vaîtes à Besançon, qui luttent contre un chantier d’écoquartier.

Dans le même esprit, la troisième vague pour agir contre la réintoxication du monde, le 17 avril (après les 17 juin et 17 novembre 2020), veut « accentuer localement la pression sur les secteurs qui semblent le plus empoisonnants et dispensables », comme les cimenteries, usines de pesticides ou productions de gaz et grenades de la police, unités d’élevage industriel, clusters développant le monde « sans contact »…

Enfin, sur le plan international, l’ONG 350.org lance du 9 au 11 avril une sorte de forum social en ligne, intitulé « Rassemblement mondial pour une relance juste ». Des tables rondes avec des personnalités telles que Naomi Klein, Bill McKibben ou Vandana Shiva, mais aussi des ateliers plus interactifs, des formations sur des thèmes variés : le désinvestissement, les syndicats, la foi et l’écologie, comment peindre une banderole… « Nous voulions organiser un événement important consacré à la formation de masse, car c’est un élément décisif dans la lutte climat. En tant que collectif, il est important de créer une unité de temps et de lieu, via la mobilisation en ligne, pour repenser nos stratégies d’action, souligne Nicolas Haeringer, chargé de campagne pour 350.org. Des plans de relance sont discutés partout dans le monde, mais l’argent ne peut pas aller dans le maintien du statu quo : ce doit être l’opportunité d’une grande bifurcation écologique. » Un mois de rendez-vous pour contrer l’inaction politique face à l’urgence climatique, pour alerter sur les conséquences de la crise sanitaire et laisser les citoyen·nes s’exprimer sur l’avenir commun qu’ils et elles veulent.

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