Opéra de Paris : Créer sans discriminer
Un rapport très stimulant sur la nécessaire évolution de l’Opéra de Paris.
dans l’hebdo N° 1643 Acheter ce numéro
À la suite du manifeste « De la question raciale à l’Opéra de Paris», signé par plus de 400 personnes sur les 1 895 salariés de l’établissement, une mission a été confiée sur ce thème à l’automne 2020 par le nouveau directeur, Alexander Neef, à Constance Rivière, secrétaire générale de la Défenseure des droits, et Pap Ndiaye, historien, professeur à Sciences Po, récemment nommé à la tête du Musée national de -l’histoire de l’immigration (une excellente nouvelle). Le rapport qu’ils ont remis récemment, portant sur la diversité à l’Opéra national de Paris (1), apporte des éléments d’analyse et des propositions fort stimulantes.
Le défi était de taille, car l’opéra est l’un des genres artistiques les plus codifiés et les plus conservateurs. Or, celui-ci s’étant développé durant les siècles où l’Occident colonisateur ne tarissait pas de croyances ou de fantasmes sur les mondes extra-européens, plusieurs œuvres du répertoire véhiculent des stéréotypes racistes.
« L’excellence ne saurait se réduire à la reproduction sourcilleuse d’un héritage immémorial », soulignent les auteurs, qui en appellent à une réflexion artistique à l’endroit des metteurs en scène, notamment, et pédagogique à destination du public. Ils proscrivent le « blackface » et le « yellowface », qu’Alexander Neef avait lui-même exclus. Les auteurs recommandent également la création d’œuvres novatrices, plus ouvertes sur la société contemporaine et sur l’étranger, qui pourraient être montées dans une salle plus petite, amoindrissant ainsi les risques financiers.
« La lutte contre les discriminations ne peut se faire au détriment de la liberté de création », écrivent Constance Rivière et Pap Ndiaye, qui montrent que tenir ensemble ces deux principes n’a rien de contradictoire
(1) À lire sur operadeparis.fr