«Le RN, premier parti des jeunes» : se résigner, c’est abandonner la République !

Un an avant l’élection présidentielle, les sondages imaginant le vote de la jeunesse vont bon train. Pour Baptiste Ménard, la gauche doit réagir pour ne pas laisser le champ libre au Rassemblement national.

Baptiste Ménard  • 13 avril 2021
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«Le RN, premier parti des jeunes» : se résigner, c’est abandonner la République !
Manifestation à Nantes de citoyen·es qui réclament une «Vraie loi climat».
© Estelle Ruiz / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Comme beaucoup – du moins je l’espère – j’ai pris connaissance avec effroi et tristesse de l’enquête du journal Le Monde révélant que le Rassemblement national serait devenu le premier parti de la génération des 25-34 ans.

Jeune élu et engagé de 27 ans, et appartenant à cette génération, je ne peux me résoudre à cette situation. Il n’y a pas vingt ans, en 2002, la très grande majorité des Français·es avaient appris avec stupeur la qualification de Jean-Marie Le Pen au second tour de l’élection présidentielle.

Baptiste Ménard est membre du Parti socialiste et adjoint au maire de Mons-en-Barœul, en charge de la démocratie participative et de la E-Administration.
Aujourd’hui, tout le monde semble d’ores et déjà se résoudre à la présence de Marine Le Pen, sa digne héritière, au second tour de la présidentielle de 2022 et d’aucuns échafaudent des stratégies pour l’empêcher de l’emporter, oubliant l’essentiel, c’est-à-dire les raisons qui ont conduit l’extrême droite à ne cesser de progresser à chacune des élections. Quelle forfaiture ! Plus particulièrement, de la part de la gauche…

Pourtant, cette même jeunesse se revendique porteuse de causes : en faveur du climat, de la lutte contre les discriminations, du combat pour l’accès à l’emploi, au logement…

Si cette jeunesse partage une forme de défiance envers les responsables politiques, elle a rarement été aussi engagée politiquement. Seulement, cet engagement esseulé ne trouve d’échos dans aucun des débouchés politiques traditionnels. Cet état de fait est un échec pour toutes et tous, et d’abord pour la gauche républicaine.

Les partis politiques, les syndicats, les différentes instances de socialisation représentent – pour une partie de cette jeunesse – les reliques d’un autre temps et le symbole de l’incapacité de nos classes dirigeantes à parler à sa population. Si ces institutions ont perdu leur place et leur rôle dans l’éducation populaire des citoyen·nes, c’est aussi qu’elles n’ont pas su requestionner leurs modes de fonctionnement pour répondre aux évolutions des militantismes mais aussi aux attentes des citoyen·nes de ces générations.

Le réveil de la gauche ?

La gauche républicaine doit reconquérir les terrains qu’elle a cédés depuis la fin du mandat de François Hollande. Il est temps qu’une alternative solide se dessine, et qu’un projet ambitieux et rassembleur émerge pour permettre que la promesse républicaine redevienne une réalité.

Il est primordial que les partis politiques entrent en introspection et entament un processus de changement profond pour mieux répondre aux challenges auxquels la jeunesse de France fait face. À un moment de notre histoire où déclassement, isolement, précarité font partie du quotidien de toute une génération, il est de notre devoir de se mobiliser. La gauche ne peut disparaître au moment où on a paradoxalement le plus besoin d’elle. Les valeurs que nous portons de solidarité, de lutte contre les inégalités, l’humanisme, la défense de la cause écologiste sont plus que jamais d’actualité !

Les partis doivent redevenir un espace de réflexion, une pépinière d’idées et ne pas se cantonner à une entreprise à gagner des élections. On ne peut gérer un pays comme on gère une start-up.

La politique s’est trop « marketisée », elle a pu parfois donner le sentiment de s’éloigner des préoccupations citoyennes. Elle a perdu une partie de son sens au point que les idées nauséabondes et fallacieuses de l’extrême droite se diffusent.

Je refuse de croire que la grande majorité de ma génération se retrouve dans des discours racistes, démagogiques et intellectuellement malhonnêtes. Je crois plus que jamais au potentiel de notre jeunesse, dans sa créativité et dans sa capacité à prendre en main son destin. Il est plus que temps de lui offrir les alternatives qu’elle mérite !

Publié dans
Tribunes

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