Une marche lesbienne historique
À l’appel du collectif Collages lesbiens, la première marche lesbienne depuis 1979 a eu lieu à Paris ce dimanche. Les manifestant·es réclamaient, entre autres, une PMA gratuite et ouverte à tous·tes, toujours en attente d’adoption par le Parlement.
Tout est né d’un tweet, un simple « j’ai envie d’une marche lesbienne ». Un mois plus tard, à l’initiative du collectif Collages lesbiens, 8000 personnes étaient réunies sur la place du Châtelet à Paris.
Les collectifs lesbiens et alliés sont principalement rassemblés aujourd’hui pour lutter contre l’invisibilisation, la fétichisation et la hausse des violences commises envers les personnes LGBTQ+. Le deuxième mot d’ordre est la PMA (procréation médicalement assistée) gratuite et ouverte à tous·tes, particulièrement aux femmes seules, couples lesbiens et personnes trans. Au micro, l’association de femmes maghrébines et lesbiennes SHAMS dénonce « des décisions politiques qui touchent toutes celles qui n’auront pas les moyens de financer une PMA à l’étranger ou qui éprouvent déjà tant de difficultés sociales __».
À 14h30, la «lesbomobile» – le camion sono qui guidera la manifestation toute l’après-midi – démarre, suivie par un cortège en non-mixité de lesbiennes racisées. Quelques mètres plus loin, les drapeaux colorés de la commission LGBTQ+ du NPA flottent dans les airs, encadrés de pancartes dénonçant « le système capitaliste hétéropatriarcal » et demandant ironiquement le droit « d’être des mères indignes ».
Racisme médical
Invisibilisées dans l’espace public, les revendications propres aux personnes racisées ont été maintes fois rappelées durant la marche. Aujourd’hui, pour garantir une ressemblance entre l’enfant et ses parents, les médecins se chargent de l’appariement (redistribution des dons d’ovocytes) sur la base de critères simples : taille, couleur des yeux, texture des cheveux et… couleur de peau. Malheureusement, le manque de dons venant de personnes racisées ainsi que la répartition des « races » dans des catégories restreintes et arbitraires compliquent encore davantage la procédure.
Cette manifestation était annoncée comme la « première marche lesbienne en France ». En effet, les Dyke Marches existent depuis bien longtemps aux États-Unis mais peinent à s’implanter en Europe. Pourtant, en 1979, un petit comité lesbien dites « lesbiennes de Jussieu », dissidentes du féminisme libéral et hégémonique de l’époque, appelaient déjà à se rassembler.
Cet effacement d’une partie de l’histoire des luttes lesbiennes n’est qu’une énième conséquence du manque d’espaces pour contextualiser et préserver les archives LGBTQ+, revendiqué et réfléchi depuis des années par des collectifs de chercheur‧euses et activistes.
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