Comment la finance a volé au secours de l’industrie fossile
À l’occasion des assemblées générales de BNP Paribas et Société Générale, des ONG publient ce mardi un nouveau rapport dénonçant les investissements climaticides de la finance durant la crise sanitaire.
En 2020, la pandémie a provoqué l’effondrement généralisé de la demande de pétrole. De ce fait, ExxonMobil, Shell, Eni, BP et Repsol perdaient plus de 40 % de leur valeur boursière, Total et Chevron 30 % et Equinor 20 %. Alors, pour sauver l’industrie des énergies fossiles, la finance française a levé d’importants volumes de capitaux : en un an, plus de 100 milliards de dollars ont été accordés aux entreprises actives dans le charbon, le pétrole et le gaz, dont 24 % aux huit grands majors.
En moyenne, les grandes banques françaises – BNP Paribas, Société Générale, Crédit Agricole et le groupe Banque Populaire Caisse d’Épargne – ont augmenté de 22,5 % leurs financements. Ce soutien risqué mais toujours croissant, prouve une fois de plus l’interdépendance entre la finance et les industries fossiles. Dans le rapport qu’elles publient aujourd’hui, Oxfam et Les Amis de la Terre font le constat d’entreprises « too big to fail » pour les portefeuilles des acteurs financiers.
Promesses, promesses
Aujourd’hui, les trois premières places des entreprises françaises les plus polluantes sont attribuées aux groupes bancaires BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole, qui ont chacun une empreinte carbone supérieure au territoire français.
Les ONG dénoncent l’hypocrisie des banques qui promettaient, dans la continuité des Accords de Paris en 2016, des mesures fortes et rapides pour sortir des secteurs du charbon, du pétrole et du gaz. Les stratégies envisagées ne sont que rarement appliquées ou partiellement seulement, toujours bien loin des changements nécessaires. Dans leur rapport, les organisations écologistes avertissent « sans réorientation massive et rapide des flux financiers, les banques françaises resteront alignées avec un scénario de réchauffement de plus de 4 °C d’ici à 2100 ».
Pour appuyer le constat d’une inaction climaticide de la part des banques, le groupe Reclaim Finance publie dans le même temps un outil d’évaluation des politiques sectorielles des acteurs financiers français, le Scan de la finance fossile.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) estime qu’avec la reprise mondiale des activités économiques, l’année 2021 sera l’une des pires en matière de hausse des émissions de gaz à effet de serre. Pour limiter les conséquences climaticides, les organisations préconisent de nouvelles obligations légales contraignantes « sous peine de sanctions financières », signalant que seule une réglementation ferme de l’État soit en mesure de mettre fin à cette économie mortifère.
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