Algérie : Un air des années noires ?
L’oeil de Politis sur l’actualité de la semaine en bref.
dans l’hebdo N° 1658 Acheter ce numéro
Les législatives ont confirmé l’inquiétant autoritarisme du pouvoir. Juste avant le vote, le gouvernement a fait arrêter plusieurs opposant·es, dont plus de 200 sont en prison en raison de leur engagement politique. Alors que le mouvement citoyen du Hirak et une partie de l’opposition boycottaient cette « mascarade », l’abstention a été massive (70 %), 10 points de plus qu’en 2019 quand Tebboune a été élu président dans l’indifférence. En Kabylie, dont le pouvoir central réprime durement les velléités d’autonomie, le taux de participation a souvent été nul.
Autre enseignement notable : l’engagement des islamistes, représentant plus de la moitié des formations participant au scrutin. La plus importante, le Mouvement de la société pour la paix (MSP), a même revendiqué la victoire alors que les résultats ne sont pas attendus avant quelques jours. La répétition du scénario des terribles années 1990 est-il possible ? C’est comme si le pouvoir, qui justifie en permanence sa légitimité sur l’écrasement des islamistes pendant la décennie noire des années 1990, préférait une opposition islamiste, même si le MSP est beaucoup plus modéré que ne l’était le FIS. Reste que la majorité du pays, qui n’est pas allée aux urnes, rejette l’un comme l’autre. Ces élections n’y changeront rien.
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