« Douce France » : L’école du réel

Le documentaire Douce France suit l’enquête de lycéens sur l’ancien mégaprojet EuropaCity.

Jérôme Provençal  • 15 juin 2021 abonnés
« Douce France » : L’école du réel
© Jour 2 Fête

Ayant déjà réalisé des courts métrages documentaires et un moyen métrage de fiction, Geoffrey Couanon signe son premier long métrage – documentaire – avec Douce France. Le point de départ en est EuropaCity, immense complexe de commerces et de loisirs (dont un parc aquatique et une piste de ski) porté par le groupe Auchan et le géant chinois Wanda, devant accaparer 230 000 mètres carrés sur le triangle de Gonesse (dont Politis a couvert tous les épisodes). Or ce vaste territoire, situé au nord-est de Paris, contient une large surface de terres agricoles très fertiles.

Le film s’articule autour d’une enquête en profondeur sur le projet, menée par une classe de 1re ES d’un lycée de Villepinte (Seine-Saint-Denis), ville voisine de Gonesse, et s’attache en particulier à trois élèves : Amina, Jennyfer et Sami. Partant en investigation sur le terrain, parlant avec des habitants de la zone concernée, rencontrant des agriculteurs (expérimentés ou novices), interrogeant le responsable d’un grand centre commercial déjà existant, assistant à des réunions publiques, les deux jeunes filles et le jeune homme prennent peu à peu la mesure de tous les enjeux – économiques, sociaux et écologiques – du projet. Ils découvrent ainsi la réalité de leur territoire, éveillent leur conscience du monde et, dans la confrontation de points de vue antagonistes ou différents, font l’apprentissage concret de la démocratie.

Loin d’enfermer le film dans un récit-dossier bien bétonné, Geoffrey Couanon le laisse respirer, battre la campagne, et récolte de beaux moments sur le vif au contact des adolescents. Depuis le tournage, le gouvernement Macron a finalement rejeté Europa­City (en 2019), après plusieurs années de lutte entre partisans et opposants, mais d’autres projets d’urbanisation sont à l’étude…

Douce France, Geoffrey Couanon, 1 h 35.

Cinéma
Temps de lecture : 2 minutes