Édition : Vente historique

Les éditions de Minuit passent chez Gallimard.

Christophe Kantcheff  • 30 juin 2021 abonné·es
Édition : Vente historique
© Gilles Targat / Photo12 via AFP

L’annonce a été faite le 23 juin : les éditions de Minuit passeront dans l’escarcelle de Gallimard le 1er janvier 2022. Qui resterait insensible à cette nouvelle ? Nées dans la clandestinité en 1941, les éditions de Minuit ont marqué comme jamais la seconde moitié du XXe siècle. À la fois parce qu’elles ont été au rendez-vous des grands événements historiques – participation à la Résistance, publications lors de la guerre d’Algérie révélant la torture et des mensonges d’État (Pierre Vidal-Naquet sur l’affaire Audin, La Question d’Henri Alleg…). Aussi parce qu’elles ont été aux avant-postes de la modernité de la pensée (Deleuze, Bourdieu…) et littéraire : Beckett, les auteurs du Nouveau Roman, Marguerite Duras, auxquels ont succédé de nouvelles générations d’écrivains singuliers, que trois noms peuvent symboliser : -Bernard-Marie Koltès, Jean Echenoz, Julia Deck.

Une époque se termine. On peut s’attrister que l’indépendance de la maison, dont Jérôme Lindon, son éminent directeur de 1948 jusqu’en 2001, s’est fait le chantre, ne soit plus. Mais Irène Lindon, qui a succédé à son père et en a scrupuleusement poursuivi l’œuvre, n’a certainement pas agi à la légère. « L’âge venant, il fallait que je pense à l’avenir de la maison, de ses collaborateurs et de ses auteurs […]. C’est donc naturellement que je me suis tournée vers Antoine Gallimard, dont le catalogue et les librairies sont un modèle de la profession », a-t-elleexpliqué. La transition va ainsi se faire sereinement, Irène Lindon ayant décidé de se mettre en retrait, non sans élégance. Si les éditions de Minuit, sous l’égide de Gallimard, avec l’arrivée en tant que directeur éditorial de Thomas Simonnet, n’auront plus tout à fait le même visage, leur poids symbolique est tel qu’elles ne sauraient être en profondeur transformées.

Littérature
Temps de lecture : 2 minutes