Le PS reprend goût à l’hégémonie
Ses résultats sont pourtant surtout dus aux sortants, qui ont méprisé leurs alliés possibles, EELV et LFI.
dans l’hebdo N° 1660 Acheter ce numéro
Le Parti socialiste est de retour. Et la perspective d’une union de la gauche en 2022 s’éloigne d’autant. En l’espace d’une semaine, le discours d’Olivier Faure, son premier secrétaire, s’est raidi. Le 21 juin, commentant le premier tour, il répétait que son parti était « au cœur de la gauche ». Depuis dimanche, il en est devenu « la force motrice », manière de dire que c’est derrière lui que doit se « rassembler l’ensemble de la gauche et des écologistes » pour la présidentielle 2022. Lundi, au micro de RMC, il était encore plus tranchant. Tout en reconnaissant l’apport des écologistes et sans exclure une alliance, Olivier Faure notait que lorsque « les accords se réalisent, il y a un plafond de verre avec les écologistes… ou un plafond vert ». Et d’ajouter, un brin paternaliste : « Ils n’ont pas atteint la crédibilité nécessaire pour concourir de manière victorieuse à une échéance de cette ampleur. »
Réagissant à ces propos sur LCI, Sandra Regol, secrétaire nationale adjointe d’EELV, notait « qu’Olivier Faure qui s’était fait le parangon d’un travail collectif est aujourd’hui le premier à tirer à boulets rouges sur ses partenaires. C’est très étrange de sa part. »
Il y a quelques mois en effet, le patron du PS n’excluait pas qu’un écologiste puisse être le candidat commun de la gauche non mélenchoniste, une position très contestée par la vieille garde socialiste qui l’accusait de préparer l’effacement du parti. Alors que le PS doit arrêter sa stratégie et renouveler sa direction lors d’un congrès en septembre, Olivier Faure s’est rangé à l’avis de ceux qui souhaitent que le PS présente un candidat à la présidentielle. Pour ce faire, il met en avant le maintien des socialistes à la tête des cinq régions qu’ils dirigeaient, y ajoutant la direction de la trentaine de départements de gauche, pour asseoir un leadership contestable.
Certes Carole Delga en Occitanie (57,8 %), Alain Rousset en Nouvelle Aquitaine (39,5 %), Loïg Chesnais-Girard en Bretagne (29,8 %), François Bonneau en Centre-Val de Loire (39,15 %), Marie-Guite Dufay en Bourgogne-Franche-Comté (42,2 %) ont tous fini en tête, les trois premiers en refusant de fusionner avec la liste EELV, ce qui conduit le PS breton à n’avoir qu’une majorité relative. Mais, comme les présidents de région de droite, ils n’ont été réélus que par 10,5 % à 20,9 % des électeurs inscrits, ce qui relativise les projections que l’on peut tirer de leurs résultats.
Côté EELV, Julien Bayou estime que l’écologie est « la seule force en dynamique ».
Côté EELV, Julien Bayou estime que l’écologie était « la seule force en dynamique » en mettant en avant un doublement du nombre de conseillers régionaux et départementaux. On note aussi que partout où la gauche était dans l’opposition les listes conduites par EELV arrivent devant celles du PS. « D’un ou deux points, ce n’est pas beaucoup », relativisait mardi matin Olivier Faure sur LCI. Avant de lâcher : « Pour l’emporter il faudra quelqu’un issu de nos rangs. » Si aucun candidat ne s’est pour l’instant déclaré, Anne Hidalgo, que le patron du PS pousse à y aller, s’est dite prête dimanche soir à répondre au « message » des électeurs « avec […] une équipe de France des maires et des élus locaux qui portent les valeurs de la République ».
Les prétendants se bousculent plus chez les écologistes avec déjà trois candidats à la primaire du « Pôle écologiste » prévue en septembre : Yannick Jadot, Sandrine Rousseau et Éric Piolle, qui a officialisé sa candidature le 29 juin. Mais aussi vraisemblablement Delphine Batho. Déçue par le résultat des élections, la présidente de Génération écologie a contesté dimanche dans un communiqué une « stratégie confuse [qui] ne conduit pas à des victoires » en « enfermant l’écologie politique sous la tutelle de l’union de la gauche ». Il est peu probable qu’à l’issue de cette primaire le ou la vainqueur se retire pour le PS. Pas plus que Fabien Roussel n’a l’intention de renoncer à sa candidature. Sur les plateaux dimanche soir, le secrétaire national du PCF était un homme heureux. Heureux d’annoncer « une progression inédite » de son parti aux régionales (62 élus contre 29) et « une extension de son implantation départementale » dans 17 départements où il était absent. De quoi faire oublier la perte du Val-de-Marne, dernier département dirigé par le PCF, dont la chute témoigne de la relégation définitive de ce dernier en force d’appoint.
Dans une déclaration qu’aucune télévision n’a cru utile de retransmettre, Jean-Luc Mélenchon s’inquiétait, lui, dimanche soir du niveau dramatique de l’abstention, et rappelait qu’il n’y serait pas porté remède sans une réforme profonde des institutions qu’il est pour l’instant le seul à mettre sur la table.