Taha Bouhafs/Linda Kebbab : procès politique

Le journaliste comparaissait devant le tribunal de Paris mercredi 9 juin, accusé par la syndicaliste Unité SGP Police-FO d’« injure publique à raison de l’origine ».

Politis  • 16 juin 2021
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Taha Bouhafs/Linda Kebbab : procès politique
© Samuel Boivin / NurPhoto / NurPhoto via AFP

Taha Bouhafs comparaissait devant le tribunal de Paris mercredi 9 juin, accusé par Linda Kebbab, secrétaire nationale du syndicat Unité SGP Police-FO, d’« injure publique à raison de l’origine ». L’objet du délit : un tweet dans lequel le journaliste polémiste a qualifié la syndicaliste « d’Arabe de service ». C’était le 3 juin 2020, peu après la mort de George Floyd aux États-Unis et les manifestations du comité Adama. La policière avait fustigé Assa Traoré qui « se saisit d’une affaire américaine qui n’a absolument rien à voir » avec la mort de son frère dans une gendarmerie de l’Oise en 2016. Taha Bouhafs avait alors dégainé son tweet avant de le supprimer.

Devant les juges, la partie civile, appuyée par la Licra, décrit le journaliste de 24 ans comme un « indigéniste », « adepte de la stratégie de la tension », vecteur d’une idéologie qui voudrait « fracturer la société ». Pour Me Thibault de Montbrial, Taha Bouhafs est coupable d’injure raciste par assignation de Linda Kebbab à ses origines. Le procureur abonde et requiert 1 500 euros d’amende. Les avocats de la défense, Arié Alimi et Yassine Bouzrou, font défiler les témoins pour démontrer l’aspect politique de la sortie du journaliste. Pour eux, il s’agit d’une dénonciation de la posture syndicale de Linda Kebbab qui, aidée par son origine, cache l’aspect systémique du racisme dans la police, qu’elle a toujours nié et qu’eux s’appliquent donc à démontrer pendant l’audience…

D’abord, des policiers victimes de racisme ont décrit l’omerta. Puis sociologues et chercheurs – comme Éric Fassin – ont donné un corps intellectuel à la définition du « racisme systémique ». Yassine Bouzrou rappelle enfin que Linda Kebbab a succédé à Luc Poignant à la tête du syndicat en 2017, peu après qu’il a dit qu’il « restait convenable » de dire « bamboula » pour parler d’un Noir. « Pourquoi elle a été nommée à ce poste, j’ai malheureusement mon idée. » La justice doit trancher entre deux visions du racisme dont l’opposition agite le débat public. Délibéré le 28 septembre.

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