Le naufrage moral de Mahmoud Abbas
Le président de l’Autorité palestinienne, par sa complicité avec l’occupant israélien, est pris dans un fol engrenage pour conserver son pouvoir.
L a vieillesse est un naufrage. » Le mot célèbre de De Gaulle visant Pétain, le chef de l’État collaborationniste, tout en épargnant le « vainqueur de Verdun », s’appliquerait bien, hélas, à Mahmoud Abbas. Celui qui fut le compagnon d’Arafat est aujourd’hui, à 86 ans, un président de l’Autorité palestinienne naufragé par l’âge, sans doute, mais surtout par sa complicité avec l’occupant israélien. Le voilà pris dans le fol engrenage du bureaucrate qui veut à tout prix conserver son pouvoir.
Le 24 juin, l’opposant Nizar Banat a péri sous les coups des forces de sécurité palestiniennes. Deux jours plus tard, la manifestation de protestation a été sévèrement réprimée dans les rues de Ramallah, y compris par des miliciens en civil. Tous les attributs d’un régime autoritaire pour un État qui n’existe pas. C’est la conséquence d’une soumission de plus en plus grande à l’occupation israélienne.
L’annulation des élections prévues en avril a provoqué une énorme déception dans une population qui les attendait depuis quinze ans. Ensuite, le silence de l’Autorité alors que la jeunesse palestinienne manifestait contre la colonisation à Jérusalem-Est, et plus encore en mai, lorsque les bombes israéliennes s’abattaient sur Gaza, a achevé de discréditer Abbas aux yeux de la population. Pire, Abbas a fait exclure du Fatah Marwan Barghouti, prisonnier dans les geôles israéliennes, et figure populaire de la résistance, parce qu’il avait constitué une liste d’opposants à une élection qui n’a donc pas eu lieu. Au fond, la dégénérescence de l’Autorité palestinienne s’inscrit comme une fatalité pour une instance issue d’accords d’Oslo qui ont échoué, et créée comme la promesse au moins tacite d’un État qui n’est jamais venu.
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