Mon handicap, c’est une force : Alexandra Nouchet, 23 ans, nageuse et athlète
« Grâce à mon handicap, je vis des moments sportifs forts et inspirants. »
dans l’hebdo N° 1663-1667 Acheter ce numéro
Je suis née avec la jambe droite atrophiée. Dès l’enfance, j’ai été orientée vers la natation : « Dans l’eau, tu pourras être perçue “comme les autres”, me disait le kiné. Les yeux ne s’attarderont pas sur toi. » D’ailleurs, je n’y prêtais pas trop attention. Mais, à partir du collège, les regards se sont faits plus insistants. J’étais appareillée, ma jambe avait une apparence différente. « Pas besoin de venir à l’école avec des protège-tibias », on m’a dit une fois. J’étais complexée, je ne me mettais jamais en short.
Et puis, après le bac, j’ai commencé à m’accepter : « Tu es comme ça, alors autant en tirer parti. » Ma prothèse est mieux modelée – limite si je n’en joue pas désormais ! Après des années où je m’étais contrainte à masquer ma situation, j’ai perdu ma gêne. Et je dis même que c’est une force : grâce à mon handicap, je vis des moments sportifs forts et inspirants que je n’aurais sans doute jamais vécus autrement – qui sait si le sport m’aurait même intéressée ? Aujourd’hui, c’est devenu une drogue, ça m’a tellement apporté !
Et en octobre dernier, après douze ans de natation, je me suis mise à l’athlétisme : 100 mètres et saut en longueur. J’ai 23 ans, je suis sélectionnée pour les championnats d’Europe. Mes progrès rapides, je les dois peut-être au fait d’être décomplexée vis-à-vis de ma jambe. Je me mets en short, j’ai décoré la lame de carbone qui prolonge ma prothèse quand je cours. Je prends du plaisir sans plus me soucier du regard des autres.