Vivre avec l’endométriose : Fanny Pandolfi, 37 ans, vétérinaire
« On a mis un mot sur ta douleur mais tu ne sais pas pourquoi tu l’as, ni comment tu vas la guérir. »
dans l’hebdo N° 1663-1667 Acheter ce numéro
J’ai eu des règles douloureuses quasiment dès l’adolescence, mais on te dit « les règles, ça fait mal, c’est normal ». Donc j’ai accepté de subir la douleur, même si elle a augmenté avec le temps. Dans la période entre l’ovulation et les règles, c’était un supplice, j’avais le ventre bétonné. Au moment des règles, j’avais l’impression qu’on me transperçait les intestins avec un poignard, au point que parfois ça m’arrêtait net dans un mouvement et que j’étais presque incapable de rester debout.
J’avais bien sûr consulté des gynécos, mais personne n’avait évoqué l’endométriose. Elle a été diagnostiquée quand j’avais 32 ans, alors que je m’interrogeais sur la persistance de certains symptômes malgré une intervention consécutive à une dyskératose du col de l’utérus. L’endométriose t’oblige à t’écouter : on a mis un mot sur ta douleur mais tu ne sais pas pourquoi tu l’as, ni comment tu vas la guérir. Ça t’oblige à te réapproprier ton corps, à le repenser, à trouver ce qui pourrait le faire fonctionner différemment.
Pour moi, c’est passé par le sport. J’ai compris alors comment on entretient parfois sa propre douleur en adoptant inconsciemment une posture de protection. Au lieu d’arrêter cette douleur, tu viens finalement la nourrir. Alors que tu peux aussi, en pleine conscience, t’en libérer par un autre mouvement et une autre posture. Le yoga et l’escalade m’ont aidée à comprendre ça, j’ai appris à différencier les douleurs, ces moments où tu entres dans une forme de résistance qui doit t’amener à la résilience.