Claire Simon et le miracle Lussas

Claire Simon filme un miracle. Celui qui se déroule dans le village de Lussas, en Ardèche, où se tiennent chaque mois d’août les États généraux du film documentaire et où est née l’excellente plateforme Tënk de films à la demande, avec aussi la volonté de faire de la coproduction. Claire Simon a tourné en 2016, au moment où l’équipe de Lussas se battait pour créer Tënk.

Alors, de quel miracle s’agit-il ? Comme le dit l’un des protagonistes du film, l’entreprise cinéphilique et cinématographique de Lussas ne cesse de marcher sur un fil. L’ambition est immense : propager le documentaire non calibré, singulier, préoccupé par la forme et, par là même, apte à élargir les horizons. Mais, face à cette ambition, les moyens sont toujours insuffisants. Il faut prendre des risques, s’engager à fond et faire preuve de conviction et d’imagination pour réussir le tour de force de tenir.

Son film, concocté à partir de sa série documentaire Le Village (disponible notamment sur Tënk), porte un titre qui résume bien le propos : Le Fils de l’épicière, le Maire, le Village et le Monde. Il montre que, si Claire Simon s’intéresse à une thématique cinématographique (comme le film qu’elle a réalisé en 2016 sur la Fémis, Le Concours), celle-ci s’inscrit dans un contexte institutionnel, social et politique. « Le fils de l’épicière », c’est Jean-Marie Barbe, habitant Lussas depuis toujours, grand ordonnateur de tout ce qui s’y passe en matière de cinéma. « Le maire » est l’allié indispensable et très impliqué qui cherche à entraîner les habitants du « village ». Enfin, « le monde » est obligatoirement présent quand il s’agit de documentaire et aussi d’Internet et de numérique. Le Fils de l’épicière, le Maire, le Village et le Monde est une passionnante illustration de ce qui se joue entre le local et l’universel.