À Paris, nouvelle évacuation des usagers de crack
Aucune politique sanitaire digne de ce nom n’a jamais été menée.
dans l’hebdo N° 1673 Acheter ce numéro
Vendredi 24 septembre, des flics ont procédé à une énième évacuation des quelques centaines d’usagers de crack qui occupaient le quartier de Stalingrad, dans le nord-est parisien, devenu depuis des décennies ce qu’on appelle une « scène » de deal et de consommation. Pour une fois sans trop de violence à l’encontre de cette population ultra précarisée. Des autocars les ont donc transportés à… 600 mètres de là, entre le périphérique et les tunnels des boulevards des Maréchaux. Et à quelques dizaines de mètres de l’ancienne « colline du crack », qui fut longtemps une autre « scène », évacuée plusieurs fois. Seule « nouveauté » : la préfecture, avec la Mairie de Paris, a érigé un mur afin « d’empêcher » l’accès au tunnel routier susceptible de devenir un autre lieu de consommation, cette fois abrité. Avec pour résultat : le soulagement (provisoire) des riverains de la rue Riquet évacuée, et la colère de ceux des Maréchaux…
Des opérations du même type ont eu lieu depuis 1993 quasiment sans interruption. Les usagers de crack ont donc erré, d’un quartier du nord-est parisien à un autre, sans qu’aucune politique sanitaire digne de ce nom ne soit menée, alors que bien d’autres capitales occidentales l’avaient fait. Et avec succès.
Depuis 2016, une « salle de consommation à moindre risque » (SCMR) a bien été ouverte près de la gare du Nord, sous l’égide de l’association Gaïa, la seule en France capable de gérer une telle structure. Des déclarations récentes ont laissé entendre que la Mairie de Paris envisagerait d’ouvrir une nouvelle « salle » dans le XXe arrondissement, soit loin de la « scène ». Or, tous les professionnels savent qu’une telle structure doit être implantée dans le proche environnement des usagers. Et aucune préparation ne semble avoir été initiée… La seule déclaration qui a pu faire sourire (jaune) est celle du préfet de police Didier Lallement expliquant le « caractère provisoire » de la récente évacuation, « en attendant » l’ouverture d’une nouvelle SCMR… Si même le préfet de police ne semble plus croire à la prohibition !
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