Allemagne : Fin du bipartisme dominant ?
Les législatives allemandes de dimanche dernier laissent le pays au milieu du gué.
dans l’hebdo N° 1673 Acheter ce numéro
Un vainqueur, mais pas encore de chancelier pour succéder à Angela Merkel. Les législatives allemandes de dimanche dernier laissent le pays au milieu du gué, et pour plusieurs semaines probablement, envisagent les analystes : la constitution du nouveau gouvernement pourrait prendre des mois en raison d’une configuration électorale originale.
Les sociaux-démocrates du SPD sont arrivés en tête. Avec 25,7 % des voix seulement mais l’avantage politique d’un gain de 5 points par rapport à 2017 et d’une victoire sur les conservateurs de la CDU-CSU (24,1 %), qui réalisent le plus mauvais score de leur histoire après seize ans de règne de Merkel (33 % en 2017). Olaf Scholz (photo), chef de file de la liste SPD, revendique la succession de la chancelière. Cependant, le système électoral allemand oblige les partis siégeant au Bundestag à constituer une coalition majoritaire s’ils veulent gouverner. Jugeant que le recul des conservateurs de la CDU-CSU leur impose de rejoindre l’opposition, Scholz a déjà exclu de reconduire avec eux la « große Koalition » (GroKo), en vigueur lors du dernier mandat. Comme par le passé, le SPD compte sur les Verts, troisièmes et en nette progression (14,8 %, + 6 points), dont la cheffe de file, Annalena Baerbock, a même un temps rêvé de chancellerie, quand les sondages la mettaient en tête, au printemps dernier. Scholz doit cependant se résoudre à envisager l’appoint des libéraux du FDP (11,5 %, à peu près stable) pour un ménage à trois, une première depuis les années 1950… Un ménage qu’Armin Laschet (CDU-CSU) prétend aussi parvenir à sceller, briguant de fait le siège de Merkel ! Rien n’oblige en effet à ce que la coalition majoritaire soit dirigée par le parti arrivé en tête.
Dans les deux cas, Verts et FDP sont associés pour jouer les arbitres : dès lundi, c’est entre ces deux partis qu’a débuté un premier tour de discussions. S’ils pourraient trouver un terrain d’entente sur le climat, thème dominant de la campagne, ils sont diamétralement opposés sur les questions de fiscalité et d’investissement. Le FDP défend une austérité budgétaire rigoureuse alors que les Verts veulent investir dans la transition écologique. La gauche radicale Die Linke, en net recul (4,9 %, une quasi-division par deux depuis 2017), ne fait partie d’aucune hypothèse, et encore moins l’extrême droite de l’AfD, en recul de plus de 2 points (10,3 %) après le coup de tonnerre de son entrée au Bundestag en 2017. Il faut dire que l’immigration ou le terrorisme, thèmes qui lui avaient alors permis de prospérer, ont été beaucoup moins présents dans la campagne 2021.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un Don