Au PCF, l’euphorie du retour
Les communistes retrouvent les chemins de la présidentielle. Les contours de leur campagne restent toutefois à définir.
dans l’hebdo N° 1669 Acheter ce numéro
Dans l’amphi de l’université d’Aix-en-Provence, une large mosaïque de communistes écoute, studieuse. Face à eux, à la place du professeur, Fabien Roussel déroule son discours. « Nous allons nous battre dans les prochains mois pour reprendre la main sur la finance et sur le capital. Nous partagerons notre passion pour la France, le monde du travail, pour la défense du monde ouvrier… » Débordant d’énergie, le secrétaire national du Parti communiste français (PCF) ponctue son discours de gestes fermes, de sourires et de quelques colères. Sur les bancs, le public savoure. Les 500 militant·es présent·es durant le week-end – places limitées, covid oblige – renouent tout juste avec un candidat communiste, quinze ans après l’échec de la campagne de Marie-George Buffet. Et même s’il joue à domicile, son aisance rassure. Pour autant, beaucoup d’incertitudes persistent sur le fond et la forme de la campagne.
Si Fabien Roussel a sorti un livre pour la rentrée (1), il mentionne moins le programme du parti que les raisons de son engagement. Restent des prises de positions éparses au fil de l’été, parfois polémiques, qui collent au candidat. « Notre mise à l’écart de la présidentielle nous a empêchés de trancher plusieurs sujets, assure Simon, un jeune membre du PCF. Ces journées de débats vont nous être utiles. » Le député communiste Pierre Dharréville insiste, à l’inverse, sur les campagnes récentes du parti : « Je crois qu’on est dans un moment de bouillonnement. On n’a jamais arrêté d’essayer d’apporter des idées, notamment avec notre caravane d’été [effectuant une tournée électorale le long du littoral] ou par la création de nos Comités des jours heureux. »
Fabien Roussel a fixé une ligne claire. Et une cible : l’électorat populaire.
Assurant vouloir « aller jusqu’au bout », Fabien Roussel a toutefois fixé une ligne claire. Et une cible pour gagner : l’électorat populaire. Pour être à nouveau audible, le candidat martèle dans son discours les références au monde ouvrier et aux travailleurs et travailleuses précaires, multipliant les cas concrets. Son livre, où il raconte plusieurs rencontres, leur fait la part belle. Le discours mue, devient plus simple et direct. Une évolution qui ravit Mamilla Kadri, adjointe PCF à Villejuif : « Je suis très contente de notre candidat. C’est un bon orateur, avec des propos clairs. Je pense qu’il incarne le renouvellement du parti et son ouverture. » Quelques mètres plus loin, l’ancien secrétaire national – et ancien rival – Pierre Laurent se montre un brin moins optimiste sur le pari de l’isolement : « Il y a énormément de travail si on veut réussir à créer un espoir de changement à gauche. […] On ne peut pas laisser l’élection se faire entre la droite et l’extrême droite. Et on ne doit pas perdre le dialogue avec d’autres. » Si les désaccords persistent sur la présidentielle, tous s’accordent en revanche sur la nécessité de dialoguer avec les autres formations de gauche en vue des législatives. « La dernière fois on s’est réveillés trop tard, glisse Pierre Dharréville. Aujourd’hui on voit que des espaces de discussion sont possibles. Il faut se parler. »
(1) Ma France, Le Cherche midi.