Cem : « Refuser de baisser les yeux »
« Mon engagement antifasciste est une réaction à la violence et à la haine. » Cem Yoldas
dans l’hebdo N° 1673 Acheter ce numéro
Comme Raphaël Arnault, Cem Yoldas milite depuis longtemps. Participant à des organisations de gauche, il a pu observer, depuis 2015, le développement de l’extrême droite dans sa ville, Strasbourg. « Ça s’est accentué depuis 2018, avec l’implantation du local du Bastion social, l’Arcadia. » Le jeune homme rejoint un collectif unitaire qui réclame la fermeture de ce local, alors que les agressions se multiplient : « Tous les week-ends, il y avait une agression raciste ou homophobe : contre un chauffeur de tramway, un couple dont l’un n’avait pas la “bonne” couleur de peau, etc. Mon engagement antifasciste, c’est une réaction à cette violence, à cette haine. »
L’Arcadia ferme et le Bastion social s’éteint petit à petit à Strasbourg, alors que Cem et quelques amis entrent en contact avec la Jeune Garde Lyon, qui se développe avec des objectifs identiques.
« On a lancé la Jeune Garde Strasbourg à un moment où l’extrême droite prenait confiance dans notre ville. Elle se mettait par exemple à attaquer des blocages étudiants hyper violemment. Avec notre stratégie, qui est avant tout celle d’un front antifasciste unitaire, on a réussi à les faire reculer, dans la rue, dans les locaux, à la fac », raconte Cem Yoldass. Lui aussi est une cible pour l’extrême droite. Il l’était déjà avant que le porte-parolat ne l’expose : photomontages, harcèlement, tentatives d’agression… « Je n’ai jamais été impressionné par ces méthodes. Pour faire avancer nos idées, avoir des porte-parole a paru nécessaire, et je me suis senti à mon aise dans ce rôle, parce que j’étais déjà connu et ciblé. »
Il y a quelques jours, un groupuscule d’extrême droite strasbourgeois publie un nouveau photomontage le concernant, cette fois sous la forme d’un sticker antisémite. « Là, ça va un peu plus loin que les précédents, mais ça ne m’affecte pas. Ils font ça parce qu’on leur a apporté une vraie réponse dans la rue, et qu’ils n’ont plus que ça : harceler des militants avec des photomontages. Mais, comme Clément Méric, on ne baissera pas les yeux. Jamais. »
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