Printemps de septembre, à Toulouse : La magie du réel
Le Printemps de septembre, à Toulouse, invite notamment à explorer « Un autre monde dans notre monde », captivante exposition sous le signe du réalisme fantastique.
dans l’hebdo N° 1673 Acheter ce numéro
Événement consacré en premier lieu à l’art contemporain, le Printemps de septembre arpente également d’autres champs de la création et suscite un bourgeonnement artistique à Toulouse durant un mois. Se déployant dans de multiples lieux de la ville, y compris dans l’espace public, l’édition 2021 – dont le commissariat est assuré par Christian Bernard – rassemble ainsi des expositions (aux formats très variés), des spectacles, des concerts, des performances, des projections ou encore des lectures.
Du côté des expositions se détache en particulier « Un autre monde dans notre monde ». Inscrite dans le cadre d’un projet au long cours qui a débuté en 2016 à la Galerie du jour (à Paris), cette exposition se situe dans l’orbite du réalisme fantastique – courant de pensée apparu pendant les années 1960, dont la revue Planète fut le principal organe. S’attachant à nous faire appréhender autrement le réel, pour mieux en distinguer les possibles formes d’étrangeté, elle vise à aiguiser (ou à troubler) la perception autant qu’à libérer l’imaginaire.
Itinérante, l’exposition se transforme d’une étape à l’autre, son contenu étant en partie renouvelé à chaque fois. Après avoir été accueillie au Frac Grand Large, à Dunkerque, elle réapparaît à Lieu-Commun, atypique et dynamique espace artistique de Toulouse. Les œuvres (une trentaine) présentées ici ont été choisies et mises en situation par Jean-François Sanz, directeur du pôle art et culture de la Fondation agnès b., en dialogue étroit avec Manuel Pomar, directeur artistique de Lieu-Commun et lui-même artiste.
Installée dans le patio de Lieu-Commun, en guise de prélude, La Suprématie du savoir ou l’œuvre révélée, imposante sculpture de Myriam Méchita qui représente deux cerfs métallisés suspendus à une sorte de potence, perturbe d’emblée le regard (et l’esprit), offrant ainsi un accès idéal à l’exposition.
Un même effet de saisissement se retrouve ensuite devant les photos empreintes d’une sourde étrangeté de Norbert Ghisoland, les compositions chromatiques minimalistes d’Adrien Lucca, dont les couleurs varient de façon imperceptible sous l’action d’un synthétiseur de lumière blanche, les rayogrammes d’Anaïs Tondeur donnant à percevoir des végétaux cultivés dans la zone interdite de Tchernobyl, l’installation hypnotique d’Alexis Choplain faisant jaillir une infinie oscillation aquatique, ou encore la lézarde lumineuse de Florence Carbonne semblant fendre le mur (du réel).
Conçue spécialement pour l’exposition, la fresque graphique en noir et blanc de Nadia von F. génère un univers très dense et expressif, aux éclats vibrants. Quant à l’installation merveilleuse de Véronique Béland, composée d’une structure robotique générant des récits de rêves qui s’effacent puis refont surface (ad libitum), elle semble provenir directement de la planète des songes et, à l’instar de toute l’exposition, amène à vivre une passionnante expérience sensible entre deux mondes inséparablement liés.
Un autre monde dans notre monde, jusqu’au 17 octobre, printempsdeseptembre.com