« Sociologie du cinéma » : Un bon éclairage

Au fil des pages de ce nouveau volume de la collection « Repères », Sociologie du cinéma, on tombe sur cet intertitre : « Désenchanter le cinéma ? » Question récurrente, qui ne traverse pas seulement le milieu du septième art mais tous les arts quand la sociologie s’en mêle. Cette discipline des sciences humaines est souvent invoquée comme un épouvantail par les cinéastes ou les critiques, comme le rappellent à juste titre les auteurs de ce volume, Aurélie Pinto et Philippe Mary, tous deux sociologues.

Pourtant, la sociologie ne désenchante en rien le cinéma. Elle tente, comme le fait ce livre, de « saisir les logiques sociales du monde du cinéma », ce qui « requiert […] non seulement de mettre en lumière la diversité des approches et la vitalité des oppositions théoriques, mais aussi de tenir compte de tous les cinémas, indépendamment des effets sociaux de hiérarchisation et sans chercher à valoriser certains films pour leurs qualités cinématographiques ». Elle apporte ainsi nombre de nuances et bouscule les idées reçues. Comme sur l’opposition, moins tranchée qu’il n’y paraît, entre cinéma commercial et cinéma d’auteur, qui se présentent plutôt comme deux pôles.

Analysant la manière dont se fabriquent les films, les sociologues détaillent aussi la féminisation de cet univers, réelle mais relative. Classiquement, les publics sont abordés à travers la différenciation des salles ou en répondant à la question « Qui aime quels films ? ».

Autant dire que Sociologie du cinéma donnera à penser à tous ceux qui s’intéressent au septième art, y compris sur le plan esthétique. En effet, dans un dernier chapitre, qu’il faudrait discuter, Aurélie Pinto et Philippe Mary s’interrogent sur la façon dont les cinéastes mettent cinématographiquement au jour des réalités sociales. Passionnant.

Sociologie du cinéma, Aurélie Pinto et Philippe Mary, La Découverte, « Repères », 128 pages, 10 euros.