Xavier Crettiez : « Un groupe n’est pas terroriste par essence »
Spécialiste des violences politiques, Xavier Crettiez analyse le procès des attentats de novembre 2015 et dresse des comparaisons avec d’autres formes de radicalisation.
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À l’heure où le procès historique des attentats du 13 Novembre révèle de nouveau l’horreur des massacres jihadistes de 2015, d’autres procès en lien avec des entreprises terroristes se sont ouverts tout au long du mois de septembre. Les membres d’un groupuscule néonazi sont jugés pour association de mal-faiteurs terroriste (voir page 9), mais aussi Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, le terroriste international d’extrême gauche pour l’attentat du Drugstore Publicis en 1974, commis au nom du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP), ou encore Josu Urrutikoetxea, alias Josu « Ternera », mis en cause pour son appartenance à l’ETA entre 2005 et 2011 (1).
Une coïncidence d’agenda qui questionne sur les liens entre ces différents engagements violents. Politis est allé à la rencontre du politologue Xavier Crettiez, l’un des plus grands spécialistes français des violences politiques, afin de mieux comprendre le phénomène terroriste, ses leviers d’action, ses enjeux politiques. Coauteur de deux études, Violences politiques en France (sous la direction d’Isabelle Sommier, Presses de Sciences Po)et Violences politiques. Théories, formes, dynamiques (Armand Colin), parues respectivement en mars et en avril 2021, Xavier Crettiez travaille aussi avec la direction de l’Administration pénitentiaire (DAP). Il a publié en 2017 un premier rapport sur le phénomène de radicalisation, comparant les différents leviers d’engagement terroriste. Sa prochaine étude, à paraître en janvier 2022, dressera un profil sociologique des jihadistes en France grâce à l’analyse inédite de 353 cas de personnes incarcérées pour leur lien avec une entreprise terroriste islamiste.
Huit mois de procès, des parties civiles qui vont s’exprimer pendant de longues semaines, un accusé qui s’en sert comme d’une tribune politique… Le procès des attentats du 13 Novembre offre une séquence particulière. Qu’en pensez-vous ?
Xavier Crettiez : Ce procès découle de la plus gigantesque instruction jamais connue en matière de terrorisme. 520 volumes, six ans d’instruction. Un agent de la DGSI a passé plus d’une journée à rappeler la réalité de l’enquête : on entre donc dans les faits et on ne tombe pas dans le psychologisme. Le fait que Salah Abdeslam parle est une bonne chose. C’est rare qu’un terroriste islamiste assume ses actes. D’habitude, ils cherchent des échappatoires. Ce qu’on retrouve peu chez d’autres : lors des grands procès d’après 1995, les Basques revendiquent, lèvent le poing et chantent l’hymne nationaliste basque.
Dans votre rapport d’avril 2017 à la direction de l’Administration pénitentiaire (2), vous analysez les différents leviers d’engagement violent en comparant jihadistes, Basques et Corses. Pourquoi les comparer et sont-ils comparables ?
Ils sont comparables mais pas assimilables. Ce rapport est une commande de la DAP sur le processus de radicalisation, que j’ai acceptée à condition d’élargir mes recherches à d’autres acteurs terroristes que les jihadistes. Car, quand on parle de radicalisation, on a parfois l’impression que ça ne concerne que les islamistes. Or c’est un processus que l’on retrouve à l’extrême droite, à l’extrême gauche, chez les séparatistes, etc. Je voulais voir s’il y avait des éléments communs.
Qu’est-ce qui vous a frappé dans cette comparaison ?
Le rôle du virtuel et des réseaux sociaux n’a aucune place dans la radicalisation de l’ETA ou du FLNC, chez qui ça se joue au niveau communautaire et familial, alors que 70 % des jihadistes se sont radicalisés de façon virtuelle. Ce qui ne veut pas dire tout seuls. La dimension de l’engagement de plusieurs acteurs de la même famille se retrouve chez les Basques et les islamistes. Le FLNC se distingue par l’absence totale de femmes chez ses combattants. Alors qu’elles représentent 30 % à l’ETA, mouvement marxiste. Paradoxalement, les jihadistes accordent aussi un rôle important aux femmes, y compris dans le combat : 88 sont incarcérées en lien avec une activité terroriste islamiste.
Vous critiquez l’utilisation du terme « radicalisation », qui, dites-vous, peut devenir un outil de stigmatisation de toute vision non conventionnelle. Pourquoi l’utilisez-vous ?
Le terme est critiquable, mais il est intéressant à condition de bien l’utiliser. Je distingue deux radicalisations : cognitive et comportementale. J’ai grandi dans le XIXe arrondissement de Paris, où il y a beaucoup de juifs orthodoxes dont les idées sont radicales au sens où toute leur vie est dictée par un dogme complet et total. Pour autant, ce ne sont pas des personnes violentes. De même, j’enseigne à côté de Trappes, où vit une vaste communauté salafiste à tendance piétiste : des gens radicaux mais pas du tout violents. Et puis vous avez les radicalisés comportementaux qui se tournent clairement vers la violence. Toute la question est de savoir s’il faut être l’un pour devenir l’autre.
70 % des jihadistes se sont radicalisés de façon virtuelle. Ce qui ne veut pas dire seuls.
On retrouve ici la querelle entre les islamologues Olivier Roy et Gilles Keppel. Ce dernier pense qu’il est absolument nécessaire de passer par le cognitif pour atteindre le comportemental. Pour lutter contre la radicalisation jihadiste, il pense qu’il faut avant tout s’attaquer à la dimension cognitive. Olivier Roy, quant à lui, estime qu’il n’y a aucun lien entre les deux. La preuve : très peu de jihadistes actuellement incarcérés en France sont passés par les Frères musulmans ou autres. Il a partiellement raison.
Le terme de « radicalisation » est intéressant parce qu’il y a une dimension de processus. On ne bascule pas dans la violence comme ça. On ne devient pas tout d’un coup un tueur de masse. Ça peut arriver à un psychopathe, mais il y a très peu de psychopathes parmi les terroristes. Donc, c’est un apprentissage. De la même façon qu’on apprend à réfléchir, on apprend à tuer. Mohamed Merah fréquentait la petite délinquance de rue, mais il est surtout allé passer trois semaines dans les zones tribales. Au Yémen, il a appris comment tuer et surtout pourquoi tuer. C’est facile, techniquement, de tuer quelqu’un, mais il faut être capable de se le justifier à soi-même.
Dans certains cas, la méthode terroriste peut-elle être justifiée ? Je pense par exemple à Nelson Mandela en Afrique du Sud ou au FLN en Algérie…
La question est : comment définit-on qui est terroriste ? Il y a une dimension très polémique dans ce terme. Michel Wieviorka, sociologue, dit : « On est toujours terroriste au regard de l’autre. » C’est un peu vrai, car c’est l’autre qui nous définit comme terroriste. Nelson Mandela a effectivement été le chef d’une organisation qui a pratiqué des actions terroristes. De Gaulle a aussi été qualifié de terroriste. Menahem Begin, fondateur d’Israël, a dirigé l’Irgoun, qui a organisé l’un des plus gros attentats au Moyen-Orient : celui de l’hôtel King David en 1947, dans lequel 80 civils, dont des mères de famille, ont été tués. Mais l’Irgoun est l’un des rares groupes terroristes avec l’IRA à avoir réussi. L’IRA a permis la création de la République d’Irlande ; l’Irgoun, celle de l’État d’Israël…
Il faut désessentialiser la notion de terrorisme : un groupe n’est pas terroriste par essence. Il ne me viendrait jamais à l’idée de dire que l’armée française est une organisation terroriste ; pourtant, en Algérie, entre 1954 et 1962, elle a utilisé des méthodes d’action terroriste. Le Hezbollah a pratiqué le terrorisme, le Hamas aussi ; mais ça n’en fait pas des organisations terroristes par essence. D’ailleurs, depuis 1996, le Hezbollah a décidé de ne s’en prendre qu’aux soldats israéliens.
Si la cible est militaire, ce n’est plus du terrorisme ?
Je considère que non. De la même façon, un commando du FLNC qui loge une balle dans la tête d’un préfet commet un assassinat politique mais pas terroriste : le préfet incarne l’État. Ça ne veut pas dire que c’est moins condamnable, mais, si on s’efforce de définir une réalité tangible du terrorisme, il faut faire la distinction entre une violence discriminée et intentionnelle visant des acteurs combattants et celle visant des acteurs non combattants.
De la même façon qu’on apprend à réfléchir, on apprend à tuer.
La définition du terrorisme pourrait donc être : s’en prendre de façon intentionnelle à une cible non combattante pour viser un État ou un groupe, afin de peser sur une décision politique. Il faut entrer dans la réalité de la violence pratiquée pour voir si, en effet, il s’agit de terrorisme. Beaucoup plus que dans les discours qui sont émis sur lui. Ainsi, quand les Américains bombardent Nagasaki en 1945, ils utilisent le terrorisme de masse.
On a tendance à occulter le terrorisme d’État, pourtant à l’origine même du terme « terrorisme », issu du gouvernement de la Terreur. Le projet du futur musée-mémorial en l’honneur des victimes du terrorisme exclut d’ailleurs cette dimension : est-ce parce qu’on la considère comme plus légitime ?
Il y a de ça. Globalement, les États très démocratiques pratiquent peu le terrorisme, mais c’est arrivé. Le meilleur exemple contemporain en Europe, ce sont les GAL, Groupes antiterroristes de libération, créés par le gouvernement espagnol en 1983. Cette force policière composée de militaires et de miliciens avait pour objectif d’aller exécuter des Basques en France. L’Espagne a fait cela parce que la France ne voulait pas lui livrer les membres de l’ETA, en raison d’une longue tradition de soutien, notamment dans la lutte contre le franquisme, mais aussi, quand l’Espagne devient une démocratie, parce qu’on savait qu’elle torturait.
Les GAL ont tué 27 personnes : ce qui fait d’eux, avant l’arrivée des islamistes en 1995, le groupe terroriste le plus criminel en France. Le gouvernement socialiste a fini par livrer des membres de l’ETA, en totale illégalité. Il y a eu 5 000 cas de torture en Espagne entre les années 1980 et le milieu des années 2000…
Vous identifiez parmi les leviers de la radicalisation la prédominance d’un sentiment d’injustice renforcée par la répression, la torture, etc. N’est-ce pas contre-productif d’y recourir, en termes de stratégie ?
Ce qui a vraiment permis de venir à bout de l’ETA, c’est qu’on s’est attaqué aux finances du mouvement. Là où les GAL ont été très utiles, c’est sur la collaboration avec la France, base arrière de l’ETA. À partir du moment où il n’y a plus eu de base arrière, c’était la fin de l’ETA. La violence, ça peut marcher…
Dans les leviers de radicalisation, vous parlez aussi de l’impact du « choc moral ».
Le choc moral, c’est la confrontation avec une expérience vécue, une image, une représentation qui va tellement heurter nos valeurs fondamentales qu’elle va nous pousser à nous engager dans l’action radicale. En Irlande du Nord, le Bloody Sunday (3), un des crimes de masse les plus importants de cette période, a eu un rôle extraordinairement positif pour l’IRA, qui a multiplié par quatre ou cinq ses recrutements dans les semaines qui ont suivi. Le choc moral est très utilisé par les jihadistes. Beaucoup se radicalisent parce qu’ils vont voir les images de l’armée d’Assad qui bombarde des femmes et des enfants, ou des massacres de l’armée russe en Tchétchénie. Ils se disent alors : c’est la Oumma, ce sont mes frères et mes sœurs, je dois agir. Ça n’excuse pas les pratiques terroristes, mais c’est un levier d’engagement important.
En France, vous décrivez une rupture entre les jihadistes et ce qu’ils appellent « l’islam de cour », soit l’islam officiel, ce qui n’est pas le cas des autres mouvements avec leur pendant politique. Cette rupture ne montre-t-elle pas qu’avec les jihadistes il n’y a rien à négocier ?
Je distingue deux formes de terrorisme : le transactionnel et le non transactionnel. Le premier, c’est celui dont l’objectif est d’obtenir quelque chose. Les Corses, par exemple, vont négocier une régionalisation plus affirmée. Dans le cas des islamistes, les attentats de 1995 sont conduits par le Groupe islamique armé (GIA) avec un objectif très clair : pousser le gouvernement de Paris à ne plus soutenir Alger, qui, en 1991, refuse le résultat démocratique qui a porté au pouvoir le Front islamique du salut (FIS). En 1986, pareil : c’est vraisemblablement le Hezbollah qui frappe le magasin Tati de la rue de Rennes à Paris, pour exiger la libération des prisonniers iraniens des geôles françaises. Mais avec Daech et Al-Qaïda, on fait face à un terrorisme non transactionnel qui tue pour tuer. Il n’y a pas d’objectif politique atteignable.
C’est presque non politique.
C’est métapolitique. C’est ce que j’appelle le terroritarisme. Ça ressemble aux logiques du totalitarisme : je te frappe non pas pour ce que tu fais, mais pour ce que tu es.
Existe-t-il une « idéologie de la violence » qui se pare des oripeaux d’une autre pour se justifier ?
Je ne pense pas. En revanche, il y a une séduction de la violence. En Corse (et c’est une des forces du FLNC), ils ont créé une de hiératique de la violence avec une séduction visuelle très forte : le mythe de l’homme cagoulé, arme à la main. Il y a une dimension érotique de la violence, qui peut offrir des rétributions d’ordre sexuel. Regardez ces femmes qui veulent se marier avec un soldat, un moudjahidine, un chef… Chez les islamistes, c’est d’autant plus fort que le rapport au sexe est complexe. Mais si vous mourez en « chahid », 120 vierges vont s’occuper de vous : il y a une rétribution par un futur sexuel orgiaque.
Avec Daech, on est face à un terrorisme qui tue pour tuer, il n’y a pas d’objectif politique atteignable.
Il y a aussi un aspect escapique, c’est-à-dire le fait de sortir de son identité lambda. Vous n’êtes plus un petit prof de fac, un petit journaliste, un simple restaurateur, etc. Vous devenez un guerrier. On parle de vous dans les médias. C’est un phénomène qu’on perçoit chez certains gilets jaunes ou chez ceux qui s’impliquent dans le black bloc, qui deviennent des sortes de héros de la lutte anticapitaliste. Il y a un plaisir incroyable à exister, et même à surexister. Concernant les jihadistes, certains appellent ça le « surmusulman ».
Ce virilisme guerrier, cette vie romantique du héros, voire du sauveur, ça se rapproche beaucoup de la propagande militaire…
Nous sommes en effet de vieilles sociétés de guerriers et, dans l’histoire, les guerriers étaient parmi les aristocrates.
Vous dites aussi que le déni de l’actorité sociale – puissance d’agir – peut pousser à une actorité violente. Peut-on agir sur ce levier pour atténuer l’attrait de certains pour la violence politique ?
Penser qu’on va trouver des solutions pour que la violence n’existe plus est un mythe. La violence fait partie de la vie. Évidemment, il faut la contrôler, et les démocraties le font relativement bien. En France, malgré ce cycle dur des attentats islamistes, la létalité en termes de violence politique est très faible.
Nous surjouons l’impact de cette violence sur nous ?
On le sur-vit. D’autant plus qu’en France on n’a pas vécu les grandes vagues de violence politique qu’ont pu connaître nos voisins. En Angleterre, l’affrontement avec l’IRA a fait 4 000 morts. En Espagne, avec l’ETA, c’est 1 000 morts et 10 000 blessés. L’Italie a eu les Brigades rouges, l’Allemagne la Fraction Armée rouge. Chez nous, il y a eu les Corses : 70 morts, dont la moitié se sont tués entre eux… Mais c’est aussi parce qu’on ne connaît la violence que quand on y est confronté de façon très brutale, comme en 1986, en 1995 et en 2015, qu’on sur-vit cet impact. Même face à la violence sociale, nous sommes tétanisés. Ce qui n’est pas le cas de toutes les sociétés occidentales.
C’est un peu provocateur, mais je pense qu’il faudrait apprendre un peu plus la violence. Qu’on la fréquente, qu’on la connaisse mieux pour être capable de la mettre à distance, émotionnellement et psychologiquement. Participer à des manifestations violentes permet de faire cette expérience.
Que pensez-vous de la politique antiterroriste en France ?
La politique antiterroriste est toujours une politique d’affichage, car la seule qui soit vraiment efficace, c’est le renseignement et, par définition, ça doit rester secret et invisible. C’est un vrai problème pour un gouvernement, d’autant que le terrorisme est l’une des violences qui bousculent le plus fortement l’identité même de l’État.
Les politiques de lutte antiterroriste, c’est Vigipirate, qui ne sert à rien mais qui rassure. L’État a un besoin immédiat de montrer qu’il est présent et qu’il ne laissera pas cette violence, qui le conteste directement, s’imposer. Il y a aussi une inflation législative énorme, avec un niveau de sévérité absolument hallucinant. Dans ma base de données, sur les 353 personnes incarcérées en lien avec le terrorisme islamiste, un quart sont en prison parce qu’ils ont projeté d’aller sur zone. On ne punit pas une infraction, on punit l’idée de peut-être commettre une chose qui va être lue comme une infraction…
J’ai le souvenir d’un jeune homme accusé de soutien logistique à une activité terroriste parce qu’il avait donné 200 euros à un copain tchétchène qu’on a retrouvé en Syrie. Il a pris quatre ans de prison, entouré de jihadistes, alors même que l’instruction n’a pas démontré qu’il savait pourquoi il les donnait. C’est inquiétant au niveau des libertés publiques, et ça pourrait même l’être au niveau d’une certaine forme d’efficacité de la pratique antiterroriste.
C’est un durcissement, au risque de mettre d’éventuels innocents en prison… et donc d’activer un levier de radicalisation.
La justice antiterroriste est toujours une justice massive. En Irlande du Nord, des dizaines de milliers de personnes sont passées dans les geôles britanniques. Pourtant, l’IRA n’avait pas 10 000 combattants. Après l’assassinat du préfet Érignac, en Corse, il y a eu plus de 2 000 interpellations dans une île de 300 000 habitants… C’est énorme ! Quand l’État est atteint, il réagit toujours très durement.
Vous travaillez sur une sociologie des jihadistes. Pouvez-vous nous en dire plus ?
C’est une nouvelle recherche pour la direction de l’Administration pénitentiaire, qui repose sur l’étude des profils de 353 jihadistes sur les 400 emprisonnés en France, soit l’immense majorité d’entre eux, ce qui nous permet de faire un véritable travail scientifique.
Avec un collègue, nous avons accès aux notices de radicalisation, c’est-à-dire les rapports d’une trentaine de pages rédigés par les services dans les quartiers d’évaluation de la radicalité. Dans ces rapports, il y a plein d’éléments sur leur vie, leur situation, leur passé, etc. Nous avons déterminé 92 points – statut marital, vie affective, pratique religieuse, activités extrascolaires, sportives etc. – et nous faisons un travail bêtement statistique. On commence déjà à déconstruire des préjugés très répandus, comme celui que tous les jihadistes passent par la délinquance. Or ils ne sont que 26 % à avoir des antécédents judiciaires…
(1) Procès finalement renvoyé pour irrégularités.
(2) « Saisir les mécanismes de la radicalisation violente : pour une analyse processuelle et biographique des engagements violents », www.gip-recherche-justice.fr
(3) Le 30 janvier 1972, des manifestants pacifistes des droits civiques et des passants ont été pris pour cible par l’armée britannique ; 14 personnes sont mortes, 14 ont été blessées.
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