Ceux qui agissent pour le climat / La mutation renouvelable des Gafam
Ce sont des mouvements citoyens, des collectivités locales, des experts, des gouvernements, des industriels… Leurs réalisations, contributions et engagements les placent en première ligne de la lutte climatique, à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris, quand les négociations multilatérales onusiennes n’avancent qu’à petits pas. Et même si ces avancées ne sont pas toutes exemptes de faiblesses et de critiques, elles pèsent à des niveaux suffisamment significatifs pour être encourageantes. Florilège non exhaustif.
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L’effondrement du coût des renouvelables est un événement majeur des politiques énergétiques dans le monde. Une division par trois en une décennie pour l’éolien, par dix pour le solaire photovoltaïque – et peut-être par vingt d’ici à 2025 : la production d’électricité verte est non seulement devenue plus rentable mais financièrement bien plus prévisible que dans les filières fossiles et nucléaire, dont les coûts sont très incertains à terme.
Les géants du numérique sont très gourmands en électricité, et les Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft (Gafam) ont vu une aubaine dans la révolution renouvelable, afin de sécuriser leurs coûts et verdir leur image. Tous ont pris des engagements climatiques forts, assortis d’investissements dans la construction d’unités de production d’électricité renouvelable dédiées à leurs activités. Google (via Alphabet, sa maison mère) veut ainsi avoir décarboné toute son activité d’ici à 2030, sans recourir à des mécanismes de compensation (lire p. 12). Au même horizon, Apple et Facebook visent la « neutralité carbone » sur l’ensemble de leur chaîne d’approvisionnement, y compris donc chez leurs fournisseurs. Amazon veut y parvenir d’ici à 2040. Microsoft s’engage même à la « négativité carbone » d’ici à 2030 et à avoir « éliminé » d’ici à 2050 tout le carbone émis dans l’histoire de l’entreprise.
Les analystes de l’énergie ont salué la radicalité de ces objectifs ainsi que la célérité de cette conversion, qui devrait avoir des impacts induits dans le vaste périmètre économique de ces géants. Cependant, difficile de ne pas y voir d’abord et surtout un effet d’opportunité : il n’est question que d’une mutation énergétique, pas de paradigme économique. La croissance effrénée est toujours l’obsession de ces entreprises. Le collectif de réflexion InfluenceMap (1), cité par le quotidien anglais The Guardian, a voulu mesurer de degré de sincérité climatique des Gafam : déception. Alors que ces entreprises ont investi 65 millions de dollars en actions de lobbying en 2020, à peine 6 % de cette somme a été consacrée à peser sur les politiques liées au climat. Par ailleurs, entre 2020 et 2021, Amazon, Alphabet et Microsoft ont ajusté, à la baisse, leur niveau d’engagement interne.
(1) influencemap.org