Ceux qui agissent pour le climat / La Norvège a fait sa mue électrique
Ce sont des mouvements citoyens, des collectivités locales, des experts, des gouvernements, des industriels… Leurs réalisations, contributions et engagements les placent en première ligne de la lutte climatique, à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris, quand les négociations multilatérales onusiennes n’avancent qu’à petits pas. Et même si ces avancées ne sont pas toutes exemptes de faiblesses et de critiques, elles pèsent à des niveaux suffisamment significatifs pour être encourageantes. Florilège non exhaustif.
dans l’hebdo N° 1677 Acheter ce numéro
C’est une dégringolade implacable : en Norvège, les véhicules thermiques sont en train de disparaître du marché des voitures neuves. Il y a quatre ans, il s’en vendait 7 000 unités par mois, c’est sept fois moins en octobre 2021. Extrapolation : le « zéro » pourrait théoriquement être atteint en avril prochain, avec trois ans d’avance sur les prévisions gouvernementales. Mi-2020, le pays célébrait la bascule du marché automobile, capté à 50 % par des motorisations électriques – et 20 % par des véhicules hybrides, dont la part est aussi en diminution : en septembre, 72 % des voitures neuves vendues en Norvège étaient des « pures électriques ».
Si le marché local reste modeste (5,4 millions d’habitant·es), la transition n’est pas moins édifiante par sa célérité, fruit d’une politique d’incitation agressive. Alors que les motorisations essence et diesel sont fortement taxées, les électriques bénéficient d’une quasi-exonération de charges, de la gratuité des péages urbains ainsi que de l’usage des couloirs de transport collectif.
Cette politique de décarbonation automobile est largement facilitée par l’hégémonie de l’hydraulique (95 %) dans la production d’électricité, un cas singulier en Europe. Qui a son revers : le faible coût de cette énergie incite à sa consommation, l’une des plus importantes par habitant·e du continent. Par ailleurs, on est loin de la disparition des voitures thermiques, qui représentent encore 80 % du parc ancien sur la route.