Ceux qui agissent pour le climat / Le vent fort du Danemark
Ce sont des mouvements citoyens, des collectivités locales, des experts, des gouvernements, des industriels… Leurs réalisations, contributions et engagements les placent en première ligne de la lutte climatique, à la hauteur des objectifs de l’accord de Paris, quand les négociations multilatérales onusiennes n’avancent qu’à petits pas. Et même si ces avancées ne sont pas toutes exemptes de faiblesses et de critiques, elles pèsent à des niveaux suffisamment significatifs pour être encourageantes. Florilège non exhaustif.
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Début septembre, le pays inaugurait Kriegers Flak, son plus puissant parc éolien en mer. Le Danemark démontre un peu plus chaque année que le vent peut approvisionner un pays en électricité. L’an dernier, l’éolien a couvert 48 % de la demande, un bon doublement en dix ans, le taux le plus important dans l’Union européenne. Quand le vent est faible, le Danemark a recours au marché européen, en important de chez les voisins de l’électricité « tout-venant ». Certes, souvent fossile ou nucléaire.
Mais l’escalade éolienne n’est pas terminée : Kriegers Flak ajoute 16 % de capacité au pays, qui construit d’autres parcs en mer et projette l’érection de deux « îles énergétiques » composées de centaines d’éoliennes raccordées à une centrale flottante.
Ce déploiement est le fruit d’un fort consensus politique né dans les années 1970, quand le Danemark a dit non au nucléaire et à un recours important aux fossiles. Le pays s’apprête ainsi à sortir du charbon en 2030, horizon auquel il vise 100 % d’électricité renouvelable, ainsi qu’une réduction, toutes énergies comprises, de 70 % de ses émissions de gaz à effet de serre (bien mieux que l’engagement « -55 % » de l’UE).
Il est servi par le bon gisement de vent de la mer du Nord, dont les faibles fonds permettent l’ancrage en mer de très grandes éoliennes jusqu’à deux fois plus productives que sur terre. Les subventions à la filière ont permis l’essor d’une puissante industrie locale, qui a accéléré sa compétitivité. L’électricité de Kriegers Flak est aussi bon marché que celle des réacteurs nucléaires français déjà amortis.