La déferlante #MeTooThéâtre

Cela a commencé dans le milieu du cinéma, avec l’affaire Harvey Weinstein, en 2017, qui a entraîné le mouvement mondial #MeToo, révélant l’ampleur des viols, violences et autres harcèlements subis par les femmes (et des hommes). C’est au tour du théâtre désormais de connaître ce vaste élan de libération de la parole, à travers le hashtag #MeTooThéâtre. Signe avant-coureur : l’enquête publiée par Libération, le 1^er octobre, sur le comportement du metteur en scène et ex-directeur du Théâtre de la Manufacture, Michel Didym, accusé par une vingtaine de comédiennes de gestes déplacés, de remarques sexistes et même de viol. Une plainte pour viol a déjà été déposée en 2020 par une de ses anciennes étudiantes.

Les témoignages se sont multi-pliés sur les réseaux sociaux et désormais dans la presse, montrant combien le phénomène est d’ampleur. Le silence auquel les femmes sont contraintes tient aux situations de pouvoir qu’occupent les hommes, ceux-ci ayant toute latitude sur la suite de la carrière de celles-là. Une tribune rédigée par le collectif #MeTooThéâtre et signée par des personnalités du théâtre le soulignait en rappelant cet état de fait emblématique : « À ce jour, seules une metteuse en scène et deux chorégraphes ont pu fouler la Cour d’honneur en soixante-dix ans du Festival d’Avignon, [les] théâtres nationaux sont tous dirigés par des hommes, et [les] financements publics ne sont toujours pas répartis de manière égalitaire » (Libération du 13 octobre). Cette tribune a pour titre : « #MeTooThéâtre : après la libération de la parole, l’urgence des actes ». C’est aussi ce qu’espèrent les deux cents personnes qui se sont rassemblées le 16 octobre à Paris, près du ministère de la Culture, pour dénoncer les violences sexuelles et sexistes dans le secteur du spectacle vivant.