« Les Étrangers », de Clément Bondu : Ils voyagent en solitaire
Clément Bondu montre des jeunes gens en quête d’une place dans le monde.
dans l’hebdo N° 1674 Acheter ce numéro
Au théâtre, l’auteur et metteur en scène Clément Bondu porte des poèmes aux accents de fin du monde. Ses héros, dont il raconte souvent lui-même les histoires sur un plateau crépusculaire, accompagné du compositeur Jean-Baptiste Cognet et de musiciens, sont des voyageurs en quête d’un lieu d’apaisement. Son premier roman, Les Étrangers, est peuplé du même type d’hommes et de femmes, errants mais toujours portés par l’espoir d’un changement. Si ce n’est du monde, au moins de leur rapport à lui.
Un prologue installe un climat de conte étrange, aux accents fantastiques. Au cours de leur marche, des voyageurs trouvent refuge dans une pièce blanche qui les retient pendant des mois dans un état quasi végétatif et les relâche sans explication.
Paul, trentenaire dont les aventures forment le cœur du roman, a peut-être été (ou pas) l’un de ces voyageurs captifs. Entre ses protagonistes, entre les différentes traversées qu’il décrit, l’auteur aime à inscrire des espaces que l’on peut laisser vacants, compléter par une ligne droite ou encore par des labyrinthes. Ce Paul, égaré parmi les égarés de Clément Bondu, se définit avant tout par son désir : il veut écrire un roman, dont la première partie des Étrangers porte le titre : L’Inquiétude.
Pour y arriver, le héros est persuadé de devoir partir sur les traces de son ami Ismaël, un garçon plus insaisissable que lui encore. Un être de tous les pays et donc d’aucun. Romantique à une époque où il est difficile de l’être, Paul rêve également sans cesse de son premier amour, Marianne, qui est elle aussi une figure sans attaches réelles. De Paris à Tanger en passant par l’Argentine ou l’Espagne, le récit nous donne à suivre avec élégance et une mélancolie souvent flamboyante les recherches d’une génération confrontée aux assauts du virtuel, de la pollution, et témoin de bien des drames et des tragédies.
Les Étrangers, Clément Bondu, Allia, 284 pages, 14 euros.