Manifestation inédite dans « le laboratoire des extrêmes droites »

Les antifascistes et leurs soutiens ont défilé dans les rues de Lyon jusqu’au pied des locaux de Génération identitaire pour dénoncer l’emprise de l’extrême droite sur la capitale des Gaules.

Daphné Deschamps  • 25 octobre 2021
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Manifestation inédite dans « le laboratoire des extrêmes droites »
© Nicolas Liponne / Hans Lucas via AFP

V ieux-Lyon antifa ! » Les quais le long de la Saône, qui marquent l’entrée du Vieux-Lyon, ont résonné samedi des slogans et des chants de 5.000 manifestants qui défilaient contre l’extrême droite et ses violences. Celles-ci sont en augmentation en France, et notamment à Lyon, bastion de nombreux groupes et mouvances violentes. Selon le média Rapports de Force, c’est dans la capitale des Gaules que les violences sont les plus nombreuses, entre attaque au cutter, ratonnade, « White power » en bordure de match de foot et saccage d’une librairie anarchiste, pour ne citer que quelques-unes des exactions les plus récentes.

Il faut dire que la ville est le berceau de nombreuses mouvances et organisations d’extrême droite, du Bastion social à l’Action française. L’organisation la plus emblématique de Lyon reste cependant Génération identitaire : « Il y a dans le Vieux-Lyon, juste à côté de là où la manifestation est passée, des locaux qui s’appellent la Traboule et l’Agogé », explique Lucille, qui tient la banderole unitaire pour l’Union communiste libertaire. 

Ce sont les locaux de Génération identitaire, qui sont ouverts depuis plus de dix ans, alors que leur organisation a été dissoute. Ils ont toujours pignon sur rue, tout le monde sait où et qui ils sont, et ils ont une totale impunité.

Son organisation fait partie du collectif « Fermons les locaux fascistes », qui vise spécifiquement ces deux locaux, qui ont récemment fusionné sous le nom « Remparts de Lyon ». Pour Alain Chevarin, auteur de Lyon et ses extrêmes droites (Ed. de la Lanterne), la ville fait même office de « laboratoire des extrêmes droites » tant la ville compte de mouvances et de groupuscules qui occupent de plus en plus de terrain.

© Politis

La manifestation en elle-même s’est déroulée dans une ambiance énergique, sans incident notable. Derrière la banderole de tête, on trouve plusieurs personnalités politiques, comme le député France insoumise Éric Coquerel, ou le porte-parole de Génération.s et président de l’Observatoire de l’extrême droite Thomas Portes, des militants syndicaux, dont Murielle Guilbert, déléguée générale de l’Union syndicale solidaires, et de nombreux militants d’organisations locales, comme l’UCL, Alternatiba ou le Planning familial du Rhône. Suivis de près par le cortège de la Jeune garde Lyon, à l’origine de la manifestation, qui assurait l’ambiance, avec slogans, chants et témoignages d’habitants du Vieux-Lyon, mais aussi la sécurité, derrière des rangées de parapluies aux couleurs de l’organisation. Et derrière s’étendait le cortège fort de 5.000 manifestants, un record pour une telle manifestation à Lyon, et plus encore vu le parcours du cortège : « Ça fait des années qu’on ne manifeste plus dans le Vieux-Lyon », explique Raphaël Arnault, porte-parole de la Jeune Garde. « C’est devenu une zone de non-droit, où les fascistes se baladent en toute impunité. »

Le parcours de la manifestation passait devant sept ruelles du Vieux-Lyon. L’une d’entre elles, la Montée du Change, est la rue des locaux de Génération identitaire. Et dans les ruelles bloquées par la préfecture de police, ils étaient au moins une cinquantaine à regarder la manifestation passer, avec casques et bâtons, derrière un cordon en uniforme. Vite repérés, ils se font huer par la foule qui passe à une centaine de mètres d’eux, avant de retraverser la Saône et se diriger vers la place des Terreaux.

Parmi les dizaines de fachos armés hier devant les locaux fascistes (5 rue montée du change) dans le Vieux-Lyon, lors de la manifestation contre les milices violentes d’ext-droite.#23OctobreLyon pic.twitter.com/n9GZwZ2cn5— Raphaël Anault (@AnaultRaphael) October 24, 2021

Le Groupe antifa Lyon et environs (GALE) prend alors la parole pour rappeler une autre facette de la situation lyonnaise : si les locaux de l’extrême droite sont toujours ouverts, malgré leurs exactions, sept membres de la GALE sont eux mis en examen, dont quatre en détention provisoire depuis un mois, suite à un accrochage avec un cortège du mouvement national-catholique intégriste Civitas dans une manifestation contre le pass sanitaire.

La manifestation se dispersera, après un rappel des consignes de sécurité : « Ne partez pas seuls, ne partez pas à pied, privilégiez les transports en commun », exhorte un militant au micro. Même si la manifestation a été un succès, la pression reste, et le risque de représailles de l’extrême droite sur des individus isolés plane. Heureusement, la soirée est passée, et l’extrême droite n’est pas sortie de son repère du Vieux-Lyon ce samedi soir.

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