Un « nouveau sommet Afrique-France »
Comme tous ses prédécesseurs, Emmanuel Macron a voulu « son » sommet avec l’Afrique. Il s’ouvre le 8 octobre à Montpellier. Un sommet d’un type « nouveau », vraiment ?
dans l’hebdo N° 1674 Acheter ce numéro
Un « nouveau sommet Afrique-France » se tient le 8 octobre à Montpellier. Nouveau ? La longue histoire des grands-messes entre chefs d’État africains et français déclenche un réflexe négatif : elles ont par trop représenté la vitrine d’un tissu de relations viciées, bâties pour préserver les intérêts de l’ancien empire au sein de son pré carré, et popularisées sous le terme de « Françafrique ». Ingérence politique, interventions militaires, favoritisme économique, complicité avec des régimes dictatoriaux, discret mépris pour les aspirations démocratiques des peuples africains, etc. Si la Françafrique n’a plus aujourd’hui l’ampleur de sa grande époque, déclinante après la présidence Chirac, elle ne s’est pas dissoute, tant s’en faut. L’intervention militaire au Sahel (et ses impasses), le soutien au dictateur tchadien Idriss Déby, le maintien dans quatorze pays africains du franc CFA, asservi à l’euro et en partie à la politique monétaire française… Autant de signes très visibles que la France joue toujours sa carte néocoloniale en Afrique.
Emmanuel Macron, comme tous ses prédécesseurs, a voulu « son » sommet avec l’Afrique. Dans un format radicalement différent : aucun chef d’État invité, mais des centaines de représentant·es de la société civile du continent pour « bâtir l’avenir de la relation entre la France et l’Afrique », autour de cinq thématiques : l’engagement citoyen, l’entreprenariat et l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche, la culture, le sport.
À la demande de l’Élysée, le philosophe camerounais Achille Mbembe a piloté en amont, dans douze pays de langue française, anglaise et portugaise, une mission de collecte de propositions qui seront remises au chef de l’État français. De quoi éveiller une certaine curiosité, même s’il serait naïf d’imaginer qu’il suffirait de donner la parole aux « forces vives » du continent africain pour démanteler d’un coup la Françafrique. Il n’est qu’à voir perdurer, dans ce « nouveau » sommet, ce tableau tellement colonial d’un roi Macron tenant audience pour recevoir les doléances du continent africain.
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