Un point aveugle du congrès mondial sur la nature
Quand les tigres, les fauves et les oiseaux de proie sont moins nombreux en liberté que chez des collectionneurs privés…
Le long congrès mondial sur la nature de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) qui vient de se tenir à Marseille, a passé en revue, les raisons pour lesquelles les espèces végétales et animales sont en train de disparaître de la surface du globe. Sans trop insister sur une réalité pesante : depuis sa création en France en 1948, cet organisme n’a jamais eu le moindre pouvoir. « Détail » que le président français, comme tous les dirigeants du monde, s’est bien gardé de rappeler dans son discours.
Bien sûr les explications attribuant les disparitions impressionnantes aux changements climatiques, aux sécheresses, aux excès agricoles ou à la disparition et la stérilisation des terres sont une réalité. Mais elles laissent de côté les causes de la chute du nombre des grands oiseaux et mammifères. Ceux qui sont surtout l’objet de la convoitise et de leur mise en cage par les êtres humains. Pourtant l’UICN a fait signer, à partir de 1974, à de nombreux pays une Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacés d’extinction.
Cet accord, qui fait chaque année l’objet de négociations épiques, n’a jamais été respecté. En témoignent deux exemples : de nombreux pays européens et du continent américain laissent prospérer un important trafic de cactées protégées ; et les mêmes emprisonnent des milliers de fauves. Non pas seulement dans des parcs zoologiques, mais chez des propriétaires privés qui n’en ont théoriquement pas le droit.
Des milliers de fauves captifs
L’exemple le plus connu et surtout le mieux documenté est celui des tigres : il existe environ 10.000 de ces fauves captifs (hors zoo) aux États-Unis, a récemment révélé le journal anglais The Guardian, alors que le nombre de tigres en liberté dans le monde ne dépasse pas les 4.000. Et que d’autres pays asiatiques en possèdent et les exhibent sur Facebook et ailleurs. Les mêmes possèdent et promènent également, des panthères, encore plus rares, des guépards ou des pumas. Et les demandes augmentent depuis une dizaine d’année. Pire, chaque projection d’un documentaire entraîne le redoublement des achats pour ces animaux dont le prix, selon les âges, va de 9.000 à 15.000 euros.
Aussi surprenant que cela puisse paraître les oiseaux font également l’objet de ce type de commerce dévastateur, notamment les oiseaux de proie qui trouvent des acheteurs en Asie et au Moyen-Orient. L’Europe et les États Unis ne sont pas épargnés non plus. Il existe même des braconniers qui exercent une activité surprenante et très lucrative : chercher et trouver des œufs d’oiseaux sauvages qui sont vendus très cher à des collectionneurs.
À tous les tarifs, des trafiquants pillent les « reliquats » de la biodiversité. Parce qu’ils n’ont rien d’autre à vendre pour survivre et parce qu’il y a des acheteurs. Pour le plaisir égoïste de ceux qui enferment et collectionnent la nature sans que les douanes de nombreux pays s’en préoccupent.
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