Manu les mains sales
En visite dans les pays du Golfe, Emmanuel Macron s’est félicité d’un nouveau contrat de vente d’armes au montant mirifique.
dans l’hebdo N° 1683 Acheter ce numéro
C ’est le plus gros contrat militaire à composante française de notre histoire ! », s’est glorifié Emmanuel Macron. En visite dans les pays du Golfe, notre président trépigne comme un gamin devant le montant du contrat passé avec les Émirats arabes unis (EAU). Dix-sept milliards d’euros pour 80 Rafale, 12 hélicoptères. Une revanche, clame son entourage, sur la déculottée du contrat perdu avec l’Australie. En réalité, c’est une double humiliation. Voilà le pays des Lumières courant tel un éperdu derrière ces régimes dictatoriaux, les suppliant de lui acheter ses armes, de lui rendre son honneur bafoué par les Américains. Le torse gonflé, les pétromonarchies acceptent volontiers. Elles se rachètent ainsi une fréquentabilité.
Et nous, il faudrait qu’on s’en réjouisse ? Submergés par les arguments habituels : la défense des intérêts économiques et des emplois français. Bouche cousue sur la part des actionnaires, ça ferait tache dans le décor.
Un chantage à l’emploi pour tenter de justifier un commerce avec Mohammed ben Salmane – MBS –, héritier du trône saoudien, et Mohammed ben Zayed al-Nahyane (MBZ) aux EAU. Le premier, accusé de crime contre l’humanité pour avoir fait exécuter et dépecer Jamal Khashoggi, journaliste et dissident saoudien, en 2018. Depuis, aucun chef d’État de pays démocratique n’a visité MBS. Ce 4 décembre, Emmanuel Macron, président de la nation des droits de l’homme, est le premier à le faire. Quelle déchéance ! Une poignée de mains sales qui s’ajoute à celle échangée avec MBZ, visé par une enquête française pour « complicité d’actes de torture » sur fond de guerre au Yémen, menée par une coalition rassemblant l’Arabie saoudite et les EAU. Une guerre où des armes françaises sont utilisées pour faire feu sur des zones civiles. Nos dirigeants nous mentent systématiquement sur la manière dont sont utilisés les savoirs technologiques français vendus à quelques-uns des pires régimes de la planète. Même les renseignements livrés en 2016 par la France à l’Égypte, au nom de la lutte antiterroriste, ont servi au régime autoritaire d’Al-Sissi pour fomenter des assassinats de civils en Libye. Comment peut-on encore se leurrer en croyant que le gouvernement français garde la main sur l’utilisation des technologies vendues ?
La ministre des Armées, Florence Parly, continue de répandre de se vanter que par ces contrats notre pays contribue « directement à la stabilité régionale » età la lutte contre le terrorisme. La stabilité par la guerre, en vendant des armes à des gouvernements despotiques qui s’essuient les pieds sur les plus élémentaires des droits humains : en voilà une stratégie ! Certes, l’argent n’a pas d’odeur, mais la poudre, si. Et elle est tenace.
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