« Licorice Pizza », de Paul Thomas Anderson : Amour juvénile
Avec Licorice Pizza, Paul Thomas Anderson signe une œuvre au charme renversant.
dans l’hebdo N° 1687 Acheter ce numéro
Paul Thomas Anderson touche à tous les genres en déployant des esthétiques différentes, de Boogie Nights (1997) à There Will Be Blood (2007), jusqu’à son avant-dernier film, Phantom Thread (2017), qui contait, dans l’univers rigoureux d’un styliste des années 1950, un amour vénéneux. C’est exactement l’inverse avec son nouveau film, Licorice Pizza. Situé en 1973, dans la vallée de San Fernando, en Californie, où a grandi le cinéaste, le film met en scène deux adolescents dont l’histoire d’amour s’avère joliment romantique.
Comme toujours avec Paul Thomas Anderson, ce qui serait chez un autre un piège à clichés devient chez lui source d’inventivité. Ses années 1970 n’ont rien de fantasmatique, mais il n’insiste pas sur ce qui les caractérise communément : la drogue, la guerre du Vietnam, Nixon… Même si tout cela demeure en toile de fond. Ses deux acteurs principaux (Alana Haim et Cooper Hoffman, le fils de feu Philip Seymour Hoffman, comédien fétiche du cinéaste), en amoureux qui, au-delà de la drague initiale, ignorent de moins en moins les sentiments qu’ils ont l’un pour l’autre, sont formidables, tout en n’ayant pas la plastique habituelle des jeunes premiers.
Leur parcours sinueux pour en arriver à leur premier baiser est un festival de fantaisie et de grâce. Le garçon ne tarit pas d’ingéniosité pour garder près de lui sa dulcinée, notamment en créant une société de vente de matelas à eau (signe de la société de consommation triomphante). Tandis que la jeune fille fait preuve d’un idéalisme qui, du monde des adultes, va la renvoyer vers l’adolescent. Le tout avec un humour présent de bout en bout et une bande originale en phase avec leur jeunesse (« licorice pizza » signifie « pizza au réglisse », c’est-à-dire le symbole du disque vinyle). Un film d’un charme absolu.
Licorice Pizza, Paul Thomas Anderson, 2 h 13.