« Little Palestine » : Crime contre l’humanité
En 2013, le camp palestinien de Yarmouk, en Syrie, a subi un blocus infernal.
dans l’hebdo N° 1688 Acheter ce numéro
Yarmouk est une ville proche de Damas, où se trouve depuis 1957 un camp de réfugiés palestiniens. À l’été 2013, Bachar Al-Assad y impose un blocus intégral. Abdallah Al-Khatib, qui n’a jamais utilisé une caméra, se met alors à filmer.
Little Palestine, journal d’un siège, Abdallah Al-Khatib, 1 h 29.
Les gens déambulent sans fin et sans but. Le cinéaste filme sa mère, femme rayonnante qui s’est improvisée infirmière et porte secours à toute personne abandonnée ou lui demandant de l’aide. On perçoit la brutalité du chacun pour soi mais on assiste à des gestes de solidarité. À bout de force, épuisée, la population tente une sortie, réussit à forcer une barricade, mais doit se replier sous les balles des snipers. Ces images en évoquent d’autres : les immeubles en ruine, les êtres martyrisés tenus dans un ghetto.
En mars 2015, Daech a pris le contrôle du camp, expulsant nombre des Palestiniens qui s’y trouvaient. Abdallah Al-Khatib fut de ceux-là. En Allemagne, où il s’est réfugié, il a pu récupérer les disques durs contenant ses enregistrements. Il en a tiré un film à la fois sobre (sans musique ni enrobage ajoutant au pathos), avec un sens du cadre inouï, témoignant de la vitalité et du désespoir des habitants de Yarmouk assiégé. Little Palestine, journal d’un siège est un très grand film.