Chasse : La morte de trop

En vingt ans, la chasse a tué plus de 400 personnes.

Patrick Piro  • 23 février 2022
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Chasse : La morte de trop
© Pascal POCHARD-CASABIANCA / AFP

Et maintenant Mélodie. Tuée samedi 19 février par une balle perdue lors d’une battue au sanglier. Elle se promenait sur un sentier de randonnée avec son compagnon, dans le Cantal. Il y avait eu Morgan, 25 ans lui aussi « confondu avec un sanglier ». Il coupait du bois dans son jardin. Joël, qui conduisait sur une quatre-voies. Et Gaël, et Annie, et Mark, Samuel, Frank, Marcel, et tant d’autres, rappelle la pétition « Morts, violences et abus liés à la chasse : plus jamais ça ! ». Elle a été déposée en novembre 2021 avec plus de 100 000 signatures au Sénat, qui a désormais l’obligation de créer une mission pour examiner ses demandes. C’est la première fois que ce mécanisme entre en vigueur. Coïncidence : la veille de l’accident, la mission annonçait une visite de terrain pour contrôler la sécurisation de la chasse en zone périurbaine. Dans le Cantal, c’est une jeune fille de 17 ans qui a tiré. Disposant d’un permis parfaitement légal.

En vingt ans, la chasse a tué plus de 400 personnes. Et en blesse en moyenne près de 160 par an. Au moins, car nombre d’accidents ne sont pas déclarés, fustigent les associations anti-chasse. Sur la question, le silence gouvernemental est assourdissant. Pas de Jean Castex, Premier ministre, ni de Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, ni de préfet local pour tonitruer sur l’insupportable atteinte à la tranquillité publique. Comme à chaque élection, les politiques en place se gardent de s’exprimer sur la chasse. Le lobby pèse près d’un million de voix. Mais cette fois-ci, le débat sur l’interdiction de la chasse certains jours, comme la réclament les programmes de Jadot et de Mélenchon principalement, devient incontournable.

Samedi une seule petite voix officielle, celle de Bérangère Abba, l’inconnue secrétaire d’État chargée de la biodiversité, a tenté de résonner. Car la chasse est administrativement considérée comme une activité de régulation des espèces vivantes. Surtout pour tuer du sanglier et du chevreuil, bestioles proliférantes en raison des déséquilibres entretenus par le réchauffement climatique et l’agriculture intensive, qui se plaint de ce qu’elles se servent dans ses champs. Le lobby de la chasse, au fil de ses communiqués, défend avant tout son droit à un loisir ancestral. Que ces passions ne coïncident pas avec sa mission ne gêne pas Bérengère Abba. Pour la sécurité des non-chasseurs, « s’il s’avère qu’on a encore des choses à renforcer, on le fera ». Et, tout aussi courageuse, d’annoncer « une appli de géolocalisation pour savoir autour de soi où ont lieu les battues ». Outre que ces outils, déjà testés par ailleurs, sont peu fiables et souvent trompeurs, c’est donc à celles et ceux qui se promènent de prendre leurs précautions. On pourrait aussi leur imposer un permis de sortir, renchérit l’humoriste Rémi Gaillard.

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Parti pris

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