Ehpad : Paradis pour actionnaires
Ce qui jusqu’à présent relevait du lien social devient un produit d’appel pour les marques.
dans l’hebdo N° 1691 Acheter ce numéro
Le système, décrit avec une rigueur chirurgicale par le journaliste Victor Castanet dans Les Fossoyeurs, ne devrait étonner personne. Car le champ du grand âge est un terrain capitalistique chimiquement pur pour les acteurs de marchés. Ils peuvent y espérer des taux de rentabilité mirobolants, oscillant de 4 à 6 % annuels. Un paradis pour actionnaires voraces. Face au manque de contrôle des pouvoirs publics et devant l’absence de solutions de substitution, certains acteurs sans scrupule peuvent ainsi maximiser leurs marges de profit. Comment ? En rognant sur tous les postes de dépense : les budgets nourriture, couches ou activités par exemple. Le groupe Orpea, numéro 1 mondial du secteur, est gravement mis en cause dans cette affaire. Nous aurions tort d’adhérer à la communication d’un groupe avançant un « problème d’organisation » comme excuse et qui vient de licencier Yves Le Masne, son directeur général. Face à un émoi légitime, le Synerpa, principal syndicat des Ehpad privés, tente d’éteindre l’incendie et avance que tous ses membres ne font pas preuve d’autant de cynisme. Il appelle à une multiplication des contrôles et à la mise en place de certifications plus contraignantes. Des propositions loin de répondre aux attentes des familles et des résidents, fréquemment victimes de maltraitance. En pleine campagne présidentielle, l’affaire Orpea aura au moins eu cette vertu : replacer au cœur du débat un enjeu sociétal majeur pour les 20 prochaines années. Deux choix s’offrent à nous : s’en remettre collectivement à un système privé proposant des tarifs en moyenne 40 % plus élevés que les établissements gérés par des associations et des collectivités, le tout avec 15 % de personnels en moins. Ou bâtir un service public de la dépendance.
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