Jardins d’Aubervilliers : les travaux suspendus
La cour administrative d’appel de Paris a ordonné, mercredi 9 mars, l’interruption « sans délai » des travaux de construction de la piscine olympique. Une décision que la mairie d’Aubervilliers s’est engagée à respecter.
Les moteurs ont cessé de fonctionner, les pelleteuses sont à l’arrêt : le chantier des jardins d’Aubervilliers est suspendu. Mercredi 9 mars, la cour administrative d’appel de Paris a ordonné l’interruption « sans délai » des travaux de construction de la piscine d’entraînement destinée aux Jeux Olympiques de Paris 2024. _« Ces travaux, par leur nature, sont susceptibles de causer des conséquences difficilement réversibles sur les parcelles de jardins des Vertus alors même qu’il s’agit d’un noyau primaire de biodiversité », estime le juge des référés dans son ordonnance.
Une victoire pour le collectif de défense des jardins d’Aubervilliers. « En plus de permettre l’arrêt des travaux, cette décision est appelée à faire école, dans un domaine où la jurisprudence manque cruellement. Notre lutte va aussi servir à d’autres », se réjouit Isabelle, membre du collectif. La bataille juridique avait débuté fin 2020, lorsque les opposants avaient déposé un recours gracieux contre le PLUI – plan local intercommunal d’urbanisme, qui rendait constructibles les jardins des Vertus pour plusieurs projets successifs. S’en est suivi une requête en référé, à l’été 2021, demandant la suspension du permis de construire délivré en juillet. Requête qui avait alors donné lieu à un arrêt des travaux, de septembre à novembre.
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« Ce sont des procédures de longue haleine, soupire Dolorès, jardinière et membre du collectif. Le PLUI est invalidé depuis un mois, mais les travaux sont déjà bien avancés : la durée de la justice n’est pas celle des bétonneurs. » Malgré la précédente décision de la cour administrative d’appel, qui avait rejeté le PLUI le 10 février dernier, le chantier suivait son cours, avec des cadences augmentées pour tenter de rattraper les retards accumulés.
Dans la terre, le béton
Même après la décision de février dernier, les centrales à béton tournaient à plein régime. D’après Dolorès, les foreuses ont commencé à couler d’immenses pieux en béton, d’une vingtaine de mètres, prévus pour supporter le poids de l’infrastructure à venir. « Il n’y a pas encore de béton en surface, mais ils ont coulé dans la terre, en profondeur. La terre des jardins est très marécageuse, pleine de trous : les pieux en béton permettent de soutenir la future dalle. » Des dégâts qu’elle espère réversibles… avec du temps, et à condition que les travaux soient définitivement abandonnés.
Une rencontre entre le collectif et la maire d’Aubervilliers, Karine Franclet, devait se tenir jeudi 10 mars. Un rendez-vous pris un mois auparavant, que la municipalité a finalement refusé d’honorer après la décision du mercredi 9 mars. « Maintenant que la balle est dans notre camp, la mairie décide qu’elle ne nous recevra pas, lâche Isabelle. Nous trouvons que le procédé manque de fair-play : puisqu’on aime les jeux olympiques, quand on joue, on joue jusqu’au bout. » La mairie a finalement décidé de s’avouer vaincue : elle s’est engagée, lundi 14 mars, à « remettre en état la zone de chantier ». Après avoir terminé les « travaux de comblement » du sol des jardins.
Si la mairie de la commune de Seine-Saint-Denis est à l’origine du projet de construction, Solideo, la société chargée des ouvrages olympiques, s’était engagé à mettre 10 millions d’euros sur la table, à condition que les délais de construction soient tenus. 10 millions d’euros, c’est 30 % du budget prévu pour cette piscine olympique, destinée à accueillir les athlètes pour leurs entraînements. Pourtant, jeudi 10 mars, dans l’émission Face aux Indés animée par plusieurs médias indépendants, Anne Hidalgo prétendait que ce projet n’avait rien à voir avec les jeux olympiques : _« La maire d’Aubervilliers, c’est son affaire. » Et d’affirmer : « Le projet des JO Paris 2024 est un projet écolo, qui va nous permettre d’accélérer la transition écologique ».
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