Politiques publiques : Ces rapports gênants que cache le gouvernement
L’oeil de Politis sur l’actualité de la semaine en bref.
dans l’hebdo N° 1699 Acheter ce numéro
On aurait des raisons de se féliciter que le gouvernement ait enfin décidé de saisir la justice contre le groupe Orpea, s’il n’y avait un gros bémol. Après la publication du livre du journaliste Victor Castanet, Les Fossoyeurs (Fayard), le gouvernement avait confié à l’inspection générale des affaires sociales (Igas) et l’inspection générale des finances (IGF) une double enquête administrative portant sur l’ensemble du groupe d’hébergement de personnes âgées. Leur rapport remis au gouvernement le 26 mars relève, selon le ministère de la Santé, des « dysfonctionnements graves » ainsi que des « manquements sur le plan humain et organisationnel ».
La ministre déléguée chargée de l’autonomie, Brigitte Bourguignon, a aussitôt annoncé que l’État va déposer plainte contre le groupe et réclamer le remboursement des dotations publiques présumées détournées de leurs fins. Son cabinet a toutefois précisé que ce rapport ne sera pas rendu public, car couvert par le « secret des affaires ». Une disposition inique protégée par une loi de 2018, que nous avions dénoncée comme une atteinte à la liberté d’informer.
L’atteinte est tout aussi flagrante quand le ministère de l’Agriculture cache un rapport, par lui commandé, qui documente sa totale inefficacité dans la réduction de l’usage des pesticides. France nature environnement (FNE) a dû batailler un an pour obtenir ledit rapport, qu’elle a publié le 23 mars sur son site. On y apprend que malgré un pognon de dingue affecté à cette politique – 643 millions d’euros ! – le recours aux produits phytopharmaceutiques a augmenté de 13 % ces dix dernières années alors que l’objectif était -50 % en 2025. Plus grave, l’enterrement de ce rapport a retardé la mise en œuvre de « recommandations qui pouvaient être appliquées dès 2021, en particulier celles visant la réorientation des subventions de la politique agricole européenne (9 milliards d’euros pour l’agriculture française chaque année), politique qui se négociait alors », note la FNE. Voilà comment Macron prétend nous protéger.
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