Présidentielle : Ces débats que nous n’aurons pas

Le candidat Macron profite de sa fonction de président sortant pour fuir la contradiction de ses concurrents. Et met en place de savants dispositifs pour entretenir ce mélange des genres.

Michel Soudais  • 16 mars 2022 abonné·es
Présidentielle : Ces débats que nous n’aurons pas
L’étrange émission de TF1 qui a fait défiler sur son ring, lundi 14 mars, huit des douze candidats, semblait conçue sur mesure pour satisfaire aux exigences du pensionnaire de l’Élysée, qui refuse de débattre avant le premier tour.
© Ludovic MARIN / POOL / AFP

Emmanuel Macron devrait présenter son programme ce jeudi au cours d’une grande conférence de presse. Ce rendez-vous essentiel était encore au conditionnel à l’heure de notre bouclage, car susceptible d’être reporté si les développements de la guerre en Ukraine en décidaient autrement. Pourtant, à trois semaines du premier tour de l’élection présidentielle, il est plus que temps pour le président sortant de présenter aux électrices et aux électeurs dont il brigue à nouveau les suffrages son projet pour les cinq ans qui viennent. Dans sa globalité et en détail.

Car, jusqu’ici, Emmanuel Macron s’est contenté de distiller quelques mesures chocs (suppression de la redevance audiovisuelle, report de l’âge de la retraite…). D’indiquer à ses premiers parrains et soutiens, puis dans une vidéo diffusée dans les meetings animés par des ministres, les quatre grandes têtes de chapitre, baptisées « pactes », qui structureront son projet : le « pacte européen, pour notre protection, notre souveraineté » ; « un pacte entre les générations, de la toute petite enfance jusqu’au grand âge » ; « un pacte productif parce que pour porter notre modèle social […], il faut pouvoir travailler plus et produire plus » ; et « un pacte républicain car l’unité de la nation passe aussi par la défense de la laïcité, par une sécurité et une justice plus fortes, le respect de nos frontières et un projet d’intégration républicaine ».

L’étrange émission de TF1 qui a fait défiler sur son ring, lundi 14 mars, huit des douze candidats, dont Emmanuel Macron, n’a pas permis d’en savoir beaucoup plus. Conçue sur mesure pour satisfaire aux exigences du pensionnaire de l’Élysée, qui refuse de débattre avec ses concurrents avant le premier tour, elle n’a permis aucun échange, offrant aux téléspectateurs une succession de monologues et d’interviews, sans que les candidats aient même la possibilité de se croiser dans ce « tournez manège » politique.

Le thème retenu, « la France face à la guerre », même s’il était prétexte à aborder de larges sujets (Europe, diplomatie, énergie, pouvoir d’achat), ne pouvait également que conforter le président-candidat, dont la fonction permet d’être le mieux informé, face à ses challengers. Commentant surtout son action diplomatique pour parvenir à la paix, insistant sur la nécessité de « rester unis » pour « surmonter les crises », c’est en chef d’État protecteur plus qu’en candidat qu’a longuement répondu Emmanuel Macron, les règles dictées par l’Arcom (ex-CSA) au nom de « l’équité » lui attribuant un temps de parole supérieur à ses concurrents (une demi-heure contre quinze minutes pour Yannick Jadot ou douze pour Fabien Roussel).

Élu en 2017 « par effraction », Emmanuel Macron chercherait-il à l’être cette fois « par occultation » ?

Par un curieux paradoxe, ces derniers ont été interrogés sur leurs déclarations et positions antérieures, pas le président-candidat. On aurait pourtant bien voulu le voir répondre aux récentes révélations du site Disclose, prouvant que la France avait autorisé de 2014 à 2020, sous son autorité donc, la livraison à la Russie de matériel militaire susceptible d’être utilisé contre les Ukrainiens. Un privilège de plus qui prouve, s’il en était besoin, qu’en ces temps où la guerre déclenchée par la Russie accapare toute l’attention, le débat n’est pas possible entre les candidats dans des conditions normales. Ce qui n’est pas pour déplaire à Emmanuel Macron. Dans une ultime provocation, en toute fin d’émission, le président-candidat s’est félicité de « ces moments de débat » qui sont des « moments démocratiques importants ». Avant d’indiquer : « J’ai entendu des avis différents des miens avec lesquels je peux [sic] travailler. » Si cet emploi du présent traduit bien la continuité qu’il veut imposer, convaincu qu’il est d’être réélu, avec qui pense-t-il donc pouvoir « travailler » ? On aurait aimé entendre des noms.

En refusant de débattre avec ses adversaires, en retenant ses annonces, Emmanuel Macron verrouille la campagne à un point rarement vu précédemment. Même les élus de son camp et les ministres sont tenus à distance de l’équipe de campagne, constituée de conseillers et de hauts fonctionnaires, qui contrôle tout. Non informés en amont, ils sont mis devant le fait accompli des propositions avancées par leur champion. Un dispositif qui place le président-candidat en unique émetteur, ce qui favorise le mélange des genres. Le candidat s’est ainsi vu reprocher par la Commission nationale de contrôle de la campagne électorale en vue de l’élection présidentielle (CNCCEP) d’avoir utilisé le compte Twitter officiel du chef de l’État, suivi par 7,9 millions d’abonnés, pour diffuser sa lettre de candidature. Quand une « fuite » dans _Les Échos – le quotidien économique, propriété de Bernard Arnault, en est régulièrement destinataire – annonce qu’il envisage de repousser l’âge légal de la retraite à 65 ans, c’est le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, qui confirme l’information le lendemain sur RTL, se faisant ainsi porte-parole du programme du candidat.

Élu en 2017 « par effraction », selon sa propre expression, Emmanuel Macron chercherait-il à l’être cette fois « par occultation » ? Tout pousse à le croire, tant le candidat se cache derrière le président accaparé par d’incontestables obligations. Ce qui ne l’empêche pas de promettre de favoriser la participation citoyenne. Il assure ainsi, dans la vidéo de vingt minutes dévoilée samedi à Marseille lors d’un meeting réunissant quelque 500 militants et sympathisants autour de Gérald Darmanin et Gabriel Attal, qu’il mènerait, en cas de réélection, « un nouveau grand débat permanent » avec les Français autour de plusieurs chantiers : « Je veux, y plaide-t-il, que notre projet puisse reposer sur une méthode associant davantage nos compatriotes, dans la durée, y compris le lendemain de l’élection, en leur donnant une place comme véritables acteurs. » Sans préciser la nature ni les contours précis de ce type de consultation. Comment croire que celui qui n’a pas su répondre aux aspirations des gilets jaunes au renouvellement démocratique, qui s’est assis sur les propositions issues de la Convention citoyenne pour le climat, serait disposé à associer durablement les citoyens à ses « grands chantiers sur l’école, la santé, la réforme institutionnelle » ? Et après l’élection ? C’est pourtant dès maintenant qu’il faudrait débattre de ces sujets. La santé, toutes les enquêtes d’opinion le montrent, figure parmi les toutes premières priorités des Français. Dans un sondage récent, 76 % des personnes interrogées estiment notre système de santé _« fragilisé » ou « en détresse ». L’hôpital, qui nécessiterait une réforme globale avec des recrutements et des augmentations de salaire pour les soignants, n’est pas seul en cause. Les déserts médicaux ne cessent de s’étendre, au point que 96 % des Franciliens font face à des difficultés pour se soigner, selon l’Union régionale des professionnels de santé. Et Le Parisien{: target= »blank » }_ nous apprend que l’agence régionale de santé va annoncer à la fin du mois que la région capitale est devenue le premier désert médical de France. Les candidats font sur cette question des propositions très diverses qui, du fait de leurs implications, mériteraient d’être exposées et débattues.

Tout comme notre modèle énergétique, le nucléaire ne pouvant pas nous être à nouveau imposé sans débat, l’âge de départ en retraite ou les moyens de devenir une nation écologique. Quelles leçons tire-t-on de la gestion du covid par l’exécutif ? Sans réel débat sur les grandes questions qui dessinent notre modèle social, cette élection présidentielle ne serait qu’un rendez-vous démocratique manqué. C’est ce à quoi nous destinent les soutiens de Macron quand ils affirment que « le temps est à l’unité nationale » (Jean-Pierre Raffarin) et que le président sortant serait « le seul choix possible » (Manuel Valls). À moins que les électeurs et les électrices n’en décident autrement le 10 avril et envoient, face à Emmanuel Macron, un candidat capable de mettre ces questions en débat.

Ukraine : Domaine réservé

Alors que nous ne sommes pas à l’abri d’une extension du conflit en Ukraine, bien des questions mériteraient d’être discutées. Si elles peuvent l’être dans les médias sur la base de bon nombre d’approximations, elles ne le sont pas dans les institutions qui devraient, dans une démocratie normale, avoir à en débattre.

Qui sait ce que Macron propose à Poutine en notre nom ?

« Il n’existe plus aucun endroit où la conduite des affaires militaires et sociales du pays peut être discutée ou interpellée », notait Jean-Luc Mélenchon la semaine dernière pour le déplorer. Les décisions ne se prennent pas en Conseil des ministres mais en Conseil de défense qui, lui, ne donne lieu à aucun compte rendu, juste quelques fuites dans la presse. La session de l’Assemblée nationale est terminée, or les décisions qui concernent la défense s’y discutent en particulier dans la commission de la Défense, même si c’est parfois à huis clos ; au Sénat, il n’y a plus de questions d’actualité.

« Il y a donc un homme qui a les pleins pouvoirs le temps que l’élection présidentielle soit terminée et que l’on ait une nouvelle réunion de l’Assemblée nationale », tempête le candidat de l’Union populaire, qui déplore qu’« Emmanuel Macron fasse ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut ». Il téléphone à Poutine, à Zelensky et à tous les puissants de la planète. Ne se prive pas pour le faire savoir. En images. Mais l’information s’arrête là. Qui sait ce qu’il propose en notre nom ? Ce que lui demande Poutine ? Quelles garanties exigent l’un et l’autre ? Silence dans les rangs.

M. S.

Covid-19 : Le débat oublié

Au moins 17 000 lits d’hôpital ont été supprimés durant ce quinquennat.

137 000 morts. 23 millions de cas. C’est le bilan, factuel, de la gestion de la pandémie de covid-19 par Emmanuel Macron. Dans le surgissement de ce fait social total, le chef de l’État et son gouvernement auront pris leurs décisions dans une complète opacité au sein d’un conseil de défense sanitaire dont les débats ne filtrent pas. Et navigué à vue. À l’exception du « quoi qu’il en coûte » économique, le chef de l’État, son Premier ministre et son ministre de la Santé auront pris systématiquement les mauvaises décisions. La liste de leurs errements est longue : les mensonges sur les masques, l’abandon des personnels soignants épuisés et de l’hôpital public, où au moins 17 000 lits ont été supprimés durant ce quinquennat, les personnels de l’Éducation nationale livrés à eux-mêmes face à un virus de plus en plus transmissible et des circulaires chaque fois plus inapplicables. Sans oublier une restriction sans précédent des libertés publiques. Alors même que l’épidémie repart à la hausse, que plus de 110 décès et 60 000 cas sont recensés quotidiennement, l’abandon du masque dans la plupart des lieux publics interroge. Et chaque candidat feint de ne pas percevoir l’éléphant dans la pièce. Car, outre la nécessaire critique d’une gestion erratique, reste cette question : comment adapter la société française à un virus qui, loin, de disparaître, est sur le point de devenir endémique ? De nombreux épidémiologistes, philosophes, sociologues, psychiatres, représentants syndicaux et acteurs du monde associatifs proposent depuis deux ans des solutions collectives pour affronter un phénomène inédit. Mais qui les écoute encore ?

Antonin Amado

Nucléaire : Renouvelables négligés au profit de l’atome

Le 10 février, lors d’un déplacement à l’usine General Electric de Belfort, Emmanuel Macron a détaillé les grandes lignes de sa stratégie énergétique, résumée en une phrase : « Le temps de la renaissance nucléaire et industrielle française est là. » Il a en particulier annoncé le prolongement du parc nucléaire actuel de 50 ans et le développement de 6, voire 14 EPR de deuxième génération, visant une mise en service dès 2035. Autant dire qu’il n’y aura pas de débat sur le sujet, malgré les milliards d’euros qui seront engagés. L’énergie solaire et l’éolien en mer ont également été mentionnés mais restent à la marge de la politique énergétique. Pourtant, selon Eurostat, la France est le seul pays de l’Union européenne en retard sur le développement des énergies renouvelables (ENR) : lorsque l’objectif était de 23 % d’énergies renouvelables dans la consommation énergétique en 2020, elle n’était qu’à 19,1 %. Malgré ces mauvais chiffres, le président-candidat persiste à ne pas tenir compte des recommandations des institutions comme le gestionnaire du réseau électrique français RTE ou l’Ademe, l’Agence de la transition écologique. Tous deux ont établi différentes trajectoires de décarbonation d’ici à 2050, et tous deux sont formels : même en optant pour le scénario où le nucléaire reste prépondérant, impossible de respecter les objectifs de neutralité carbone sans un gros coup d’accélérateur sur les ENR. En persistant à voir l’atome comme « la » solution face au changement climatique, impossible de réorienter les débats vers une politique ambitieuse sur les renouvelables, et encore moins de parler de sobriété.

Vanina Delmas

Retraites : Réformer sans discuter

Énième revirement pour la « mère des réformes ». Après avoir longtemps laissé planer le doute sur ses intentions, le candidat Emmanuel Macron a levé un coin du voile sur sa nouvelle réforme des retraites. Mais par le biais de confidences de ses lieutenants aux Échos. Une manière encore une fois d’éviter toute confrontation directe. Gabriel Attal sur RTL et Richard Ferrand au cours d’une audition organisée par la CFDT ont défendu l’esprit de la réforme que mènera l’actuel chef de l’État s’il rempile pour un second mandat : supprimer les principaux régimes spéciaux, augmenter la pension minimale et repousser l’âge légal de départ de façon progressive pour arriver, en 2032, à 65 ans, soit trois ans de plus qu’aujourd’hui. Une idée défendue depuis longtemps par la droite et logiquement partagée par la candidate LR, Valérie Pécresse.

Le projet est toujours refusé en bloc par les syndicats.

Modifié sur de nombreux points depuis 2017, ce projet de réforme est toujours refusé en bloc par les syndicats depuis sa présentation en 2019. Un rejet suivi de manifestations d’ampleur. Mais le gouvernement ne déroge pas à sa ligne : ni négociation ni compromis. Examiné en première lecture à l’Assemblée nationale, seul le premier article a pu être débattu avant qu’Édouard Philippe actionne l’article 49.3 en réplique au nombre très important d’amendements déposés par les groupes d’opposition. Une volonté de clore le débat, symbole d’une pratique verticale de la présidence. L’examen du texte a finalement été suspendu en mars 2020 alors que la crise sanitaire frappait le pays, puis la réforme abandonnée et remise à plus tard avant d’être aujourd’hui relancée.

Lucas Sarafian

Éducation : Les inégalités scolaires soigneusement évitées

Sur les politiques éducatives, Emmanuel Macron persiste et signe. Si second mandat il y a, il sera dans la droite ligne du premier. Importance des fondamentaux, réforme du collège après celle du primaire et du lycée, ouverture de l’école aux entreprises, autonomie des établissements… Le candidat LREM a déjà esquissé son programme, évitant soigneusement la question, pourtant essentielle, des inégalités scolaires. Les confinements ont démontré, s’il le fallait encore, à quel point l’école était nécessaire pour les enfants les plus fragiles économiquement. Dans sa lettre de candidature parue le 3 mars, Emmanuel Macron annonce vouloir « lutter contre les inégalités » en « s’y attaquant à la racine ».

De beaux mots mais pour quelle action réelle ? Le candidat prévoit d’agir dans la continuité de ce qu’il a déjà effectué, à savoir le dédoublement des classes en éducation prioritaire. La seule mesure sociale de Jean-Michel Blanquer sera étendue : après le CP et le CE1, ce dédoublement ­concernera l’ensemble des classes du primaire. Toutefois, ce dispositif demeure circonscrit à l’éducation prioritaire. Or près de trois quarts des 3,2 millions d’élèves issus de milieux défavorisés étudient dans des établissements qui n’ont pas ce label, remarque l’Observatoire des inégalités (1). Pour ceux-là, aucun mot et aucun moyen, ni pour les bourses scolaires, ni pour leur accompagnement et leur réussite. S’il aime à répéter le mot « méritocratie », Emmanuel Macron élude encore et toujours la question des inégalités.

Malika Butzbach

(1) www.inegalites.fr

Sécurité : Un arsenal toujours plus dangereux

La France a été pointée du doigt pour son usage excessif de la force.

Beauvau de la sécurité, loi « Sécurité globale » et nouveau schéma du maintien de l’ordre. Le quinquennat du président Emmanuel Macron a été marqué par une forte volonté répressive. Dès la fin 2018, le mouvement des gilets jaunes a secoué les rues de France et la réponse du gouvernement fut brutale. Des éborgné·es, des mutilé·es et même des morts, tou·tes frappé·es par un arsenal toujours plus dangereux. Une situation qui a conduit la France à être pointée du doigt par des instances internationales pour son usage excessif de la force. Le gouvernement annonce bien le retrait d’une grenade mutilante, la GLI-F4, fin 2020. Mais cette grenade n’est en réalité plus fabriquée depuis 2014.C’est aussi, loin de tout débat, que le gouvernement a lancé, fin 2020, le Beauvau de la sécurité. À savoir une concertation sur la police qui aboutira sur la loi « Sécurité globale ». Dénoncée par de nombreux spécialistes, elle a donné lieu à des grandes manifestations qui laisseront un jeune Parisien mutilé place de la République. Pourtant, en dépit de la colère, le gouvernement s’entête et vote la loi début 2021. Le fameux article 24 (devenu 52) qui pénalisait la « provocation à l’identification » des policiers a cependant été censuré par le Conseil constitutionnel. Cet échec n’est pas le premier pour le gouvernement Macron. En 2020, le nouveau schéma national du maintien de l’ordre, SNMO, est annoncé et inquiète. Manœuvre d’encerclement, accréditation des journalistes… Le Conseil d’État annule plusieurs points six mois après. Énième déboire pour le gouvernement, qui publie une deuxième version en décembre 2021. Le débat sur l’usage des armes mutilantes, malgré les demandes des syndicats et des ONG, n’aura quant à lui jamais eu lieu.

Maxime Reynié

Écologie : Greenwashing et résultats médiocres

40 % du plan d’investissement global est dédié aux technologies dites vertes.

En 2017, Emmanuel Macron avait produit une forte impression avec son tonitruant « Make our planet great again » adressé à Donald Trump, l’ex-président américain climatosceptique en passe de sortir de l’accord de Paris sur le climat. De nombreuses concertations avec la société civile, particulièrement la Convention citoyenne pour le climat, ont aussi laissé espérer que l’écologie serait la boussole du quinquennat. Mais les effets d’annonce et une communication fondée sur le « en même temps » n’ont pas pu dissimuler bien longtemps le greenwashing et le peu de résultats tangibles de l’État sur le plan écologique. Dans son rapport 2021, le Haut Conseil pour le climat a inscrit que « les efforts actuels sont insuffisants pour garantir l’atteinte des objectifs de 2030 ». Ces cinq années ont surtout dévoilé la vision du monde portée par Emmanuel Macron. Pour lui, transition écologique signifie surtout transition technologique. Son plan France relance 2030 en est la parfaite illustration avec 30 milliards d’euros (40 % du plan d’investissement global) dédiés aux technologies dites vertes. Voitures électriques et hybrides, premier avion bas carbone, microréacteurs nucléaires, hydrogène, agriculture à base de robotique, numérique et génétique… Dans sa « Lettre aux Français », le président sortant persiste en parlant d’investir dans l’innovation « afin de placer la France en tête dans les secteurs qui, comme les énergies renouvelables, le nucléaire, les batteries, l’agriculture, le numérique ou le spatial, feront le futur et nous permettront de devenir une grande Nation écologique ». Un programme qui ne parle ni d’agroécologie, ni de transports en commun, ni d’alternatives plus sobres dans les modes de vie.

V. D.

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