« A Chiara », de Jonas Carpignano : Danger familial
Dans _A Chiara_, Jonas Carpignano décrit la prégnance de la mafia calabraise.
dans l’hebdo N° 1701 Acheter ce numéro
Avec A Chiara, Jonas Carpignano clôt un cycle de trois longs-métrages consacré à une ville de Calabre, Gioia Tauro. Après s’être intéressé aux migrants, puis aux Gitans, le cinéaste se penche ici sur la prégnance de la mafia dans la société calabraise. Celle-ci a une particularité : il est impossible d’entrer dans un clan si l’on n’a pas de lien de sang avec ses membres. D’où son caractère consubstantiel et lourd d’affects qui exclut l’existence de repentis.
A Chiara, Jonas Carpignano, 2 h 01.
Personne, y compris sa mère, ne lui expliquant ce qui se passe, Chiara enquête par elle-même. Elle découvre un passage dans la chambre de ses parents qui conduit, sous la maison, à un abri ayant servi de cachette à son père. Et finit par apprendre que celui-ci œuvre pour la mafia, ce qui la bouleverse et la déstabilise.
On peut regretter qu’A Chiara soit un peu trop appliqué dans sa mise en scène. Étrangement, la ville de Gioia Tauro reste abstraite, l’intrigue se déroulant avant tout en intérieurs, hormis quelques belles scènes, comme celle des retrouvailles avec le père, qui a lieu dans un no man’s land embrumé.
Le choix d’avoir pris pour protagoniste une jeune fille a, entre autres, l’intérêt de montrer qu’une loi édictée envers les enfants de mafioso ordonne de les éloigner de leur famille pour leur bien. Chiara est sur le fil du refus par rapport à ce que l’on veut lui imposer. Tout en éprouvant le danger qu’il y aurait à rester. Ce conflit intérieur fait tout le sel d’A Chiara.