« Qui à part nous », de Jonas Trueba : Aspirations présentes
Le réalisateur espagnol Jonas Trueba a filmé un groupe d’adolescents pendant cinq ans.
dans l’hebdo N° 1702 Acheter ce numéro
Après un film estival et charmant fort remarqué, Eva en août, le réalisateur espagnol Jonas Trueba clôt un travail de longue haleine avec ce présent long-métrage : Qui à part nous. Pendant cinq ans, le cinéaste a filmé un groupe d’adolescents, comprenant un petit noyau – Candela, Silvio, Rony, Pablo… – autour duquel gravitent plusieurs autres jeunes, notamment leurs camarades de classe.
Qui à part nous, Jonas Trueba, 3 h 40.
Au fur et à mesure que le temps passe et que les flirts deviennent plus sérieux, la conscience de ces jeunes s’affirme. Ils sont aussi soucieux de la manière dont ils sont représentés. C’est pourquoi ils inventent des fictions, qu’ils interprètent eux-mêmes, pour montrer au plus juste ce qu’ils vivent et ce qu’ils pensent d’eux-mêmes.
Qui à part nous se présente ainsi comme un patchwork formel. Ce à quoi finalement le film ressemble le plus, c’est à un journal intime qui serait tenu alternativement par une poignée de jeunes. Il en ressort des moments passionnants et une vérité indéniable. Mais il faut accepter de recevoir ce film avec cette forme apparemment brute, contenant des périodes d’ennui et dénué de progression dans le récit (sinon le temps qui fait son œuvre). Qui à part nous est un voyage en immersion de plus de trois heures trente, avec ses creux et ses intensités, comme l’est l’adolescence.