L’autre Pollock
Charles Pollock, artiste à découvrir, est « mis au monde » par sa fille.
dans l’hebdo N° 1705 Acheter ce numéro
Il s’est toujours tenu dans l’ombre. Pas seulement dans celle de son célébrissime frère cadet, Jackson. Charles Pollock (1902-1988) était un homme -discret, vivant en France à partir des années 1980. C’était un artiste, lui aussi, mais confidentiel. Contraint par la conviction que son œuvre ne pouvait rencontrer un public.
Le livre que sa fille, Francesca Pollock, fait paraître aujourd’hui est bien plus qu’un simple geste d’amour filial pour tenter de réparer une injustice. C’est, d’une part, un livre-enquête sur la personnalité de son père, qu’elle a peu connu parce qu’il était déjà âgé quand elle est née et aussi parce qu’il était taiseux. De l’autre, c’est le récit d’une révélation, celle de l’œuvre de Charles Pollock, que sa fille, aidée de sa mère, Sylvia, a entrepris de rassembler, alors qu’elle était en partie dispersée, voire enfermée, dans différents lieux aux États-Unis.
Ainsi, Mon Pollock de père est un livre passionnant, où Francesca Pollock emploie différents registres d’écriture – elle puise notamment dans la correspondance de son père, ou lui parle en s’adressant directement à lui –, ce qui rend son texte particulièrement riche. L’émotion est là, mais demeure maîtrisée, car l’autrice a aussi une démarche réflexive. Tout de même, certains passages touchent particulièrement : « Sache que tu as le droit d’être là. Certes la société fait plus de place aux exubérants, mais elle a également besoin de se reposer, de réfléchir, d’être nourrie d’hommes comme toi, et d’œuvres comme les tiennes, qui prennent du temps et en requièrent. »
L’ouvrage se termine logiquement par des reproductions des peintures de Charles Pollock (et aussi par quelques photos où celui-ci apparaît), achevant ainsi l’acte décisif de sa fille de « mise au monde » de son père.
Mon Pollock de père, Francesca Pollock, L’Atelier contemporain, 176 pages, 25 euros.