Au quartier général de la Nupes, l’euphorie et la raison
Ce 12 juin, au quartier général de la Nupes, les militants espéraient une bonne nouvelle. Leurs espoirs n’ont pas été déçus : l’union de la gauche est arrivée en tête au premier tour des élections législatives.
Avant d’entamer son discours, Jean-Luc Mélenchon scrute son audience. Au centre, un vieux partisan. Le leader de la gauche lui adresse un clin d’œil. Puis, d’un ton sobre et mesuré, il constate : « La Nouvelle union populaire arrive en tête. Elle sera dans plus de 500 circonscriptions au deuxième tour. Le parti présidentiel, au terme du premier tour, est battu. » Ces mots-là, le chef de fil de la Nupes les prononce avec une gravité qui témoigne de l’importance du moment. Quelques minutes plus tôt, Jean-Luc Mélenchon arrivait au quartier général de la coalition de gauche, dans le dixième arrondissement de Paris. Poursuivi par une horde de journalistes, il enchaîne les accolade et les embrassades. Au soir de ce dimanche 12 juin, la Nupes atteint les 25,6 % à l’issue du premier tour des élections législatives. Un score historique, qui place la gauche devant Ensemble!, la coalition formée autour du président Emmanuel Macron.
« Prochaine étape, c’est Matignon »
Un succès que les militants présents à La Fabriquerie Événementielle avaient annoncé. Ils l’ont répété toute la soirée, peut-être par superstition. Ou tout simplement pour s’en convaincre : « Ce soir, c’est pour la gauche. » Quand l’attachée de presse s’emmêle avec les cordons des badges en distribuant les accréditations aux journalistes, son collègue la prévient, taquin : « Attention ! La prochaine étape, c’est Matignon. » L’heure est aux espoirs. Rue des Vinaigriers, on y croit dur comme fer. « Ça sent bon », assure Julien Bayou une bonne demi-heure avant l’annonce des premières tendances. « Nous serons au second tour dans au moins 400 circonscriptions », promet Manon Aubry. À l’annonce des résultats, c’est la liesse. On se congratule, on se serre, on se félicite. Les estimations vont par-delà des espérances des militants.
Garder la raison
Mais rapidement, le calme revient. « C’est tranquille, ce soir », souffle un jeune homme qui gère les entrées et les sorties de la salle. « La plupart des militants sont dans leur circonscription. Et puis tout le monde est crevé après cette campagne », avoue Colline. « Mais c’est exactement le scénario qu’on voulait », se réjouit-elle. Dans la grande salle de La Fabriquerie Événementielle, Hélène a les yeux rivés sur le direct de France 2, diffusé par vidéo-projecteur. Elle est venue de Saint-Denis pour passer sa soirée électorale au QG. « On est tous content, mais ça ne suffit pas. La tâche n’est pas terminée », prévient-elle. Sympathisante de longue date de la France Insoumise, elle appelle les abstentionnistes à se déplacer dimanche prochain : « Il reste une semaine pour mobiliser de nouveaux électeurs et faire élire le plus grand nombre de députés de gauche. » Et si les militants restent mesurés, certains ne peuvent masquer leur excitation : « La semaine prochaine, grosse fête à Bastille », se réjouissent certains, qui s’imaginent déjà victorieux au soir du 19 juin.
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