Législatives: une soirée gueule de bois pour la Macronie
Le député réélu Sylvain Maillard était l’unique représentant de la macronie à la soirée électorale organisée au siège de la République en marche, dimanche 19 juin. Récit d’une triste soirée pour la coalition présidentielle.
Plus animée qu’au soir du premier tour mais toujours très encadrée par les communicants du parti, la seconde soirée électorale de la macronie à l’occasion des élections législatives s’est tenue, ce dimanche 19 juin, au siège de La République en marche (LREM). La majorité présidentielle voulait célébrer une victoire devant les caméras. À défaut d’obtenir une majorité absolue à l’Assemblée, les marcheurs ont pu fêter la réélection de Sylvain Maillard, député de la 1re circonscription de Paris et invité unique de cette soirée électorale, dont le nom avait été cité dans le scandale des Pandora Papers.
Les journalistes attendent nombreux, dès 18 h 30, devant le siège de LREM, dans le 8e arrondissement de Paris. La sécurité, renforcée entre les deux tours, leur impose de laisser quelques instants leurs affaires aux démineurs postés à l’entrée. À l’intérieur, une soirée aussi morne que celle du premier tour semble se profiler. _«Cette fois, nous avons aussi invité des militants», tempère un organisateur. La fête est sauvée. Une poignée d’adhérents LREM arborant des t-shirts «Sylvain Maillard avec vous» arrive enfin, trois quart d’heures plus tard. Aussitôt, ils sont regroupés au centre de la salle plénière, entourés d’un cordon qui les met à l’abri de la presse.
Déception et éléments de langage
Le député de la 1re circonscription de Paris arrive quelques instants avant l’annonce des premières estimations. Entouré par la dizaine de militants présents au siège, il découvre à la télévision que son camp a perdu la majorité absolue à l’Assemblée nationale. L’air agacé, il s’éloigne des journalistes. «Je ne répondrai à aucune question avant que la Première ministre se soit exprimée à la télévision», lance-t-il aux plus insistants. Ses soutiens, déboussolés par les résultats, n’oublient pas pour autant les éléments de langage si chers au parti présidentiel. «On a travaillé sur le terrain depuis des semaines», commence Nolwenn, militante des Jeunes avec Macron (JAM). Les résultats de ce second tour constituent-ils une défaite pour le camp Macron? «Il n’y a ni défaite ni victoire. Simplement cinq ans de travaux à poursuivre», récite-t-elle.
D’autres militants, peu habitués aux caméras, expriment une pensée plus libre. «Je pensais vraiment qu’on ferait un meilleur score, c’est une grosse déception», regrette Clément, jeune adhérent de LREM. «Nos résultats s’expliquent par cette union des gauches, inédite dans l’histoire récente. Ils ont fait un coup de communication et c’est réussi», concède-t-il, avant que l’attaché de presse de LREM ne le coupe et lui demande de ne plus répondre aux questions. Malgré les sourires de façade, la déception se fait sentir au siège. Les communicants présents font rapidement cesser la valse des interviews, chassant les journalistes de la zone réservée aux militants.
Discours de façade
Devant le bâtiment et malgré les résultats décevants de leur camp, de jeunes adhérents ont déjà la tête à un autre type de soirée. «Allez, viens, on a déjà acheté les bouteilles!» lance l’une d’entre eux. «Non, je suis bien trop déprimé», répond l’autre. Devant eux, entrent tour à tour les derniers invités de la soirée : des proches, amis et membres de la famille de Sylvain Maillard. Le député de Paris refait son apparition et s’approche du pupitre installé face aux caméras. Entouré de tous ses soutiens, il affiche un grand sourire, qui contraste avec la gravité affichée à l’annonce des résultats du scrutin.
L’élu évoque une élection «difficile», marquée par la déception de ne pas avoir eu la majorité espérée au palais Bourbon. Il embraye aussitôt sur sa propre victoire, remercie ses soutiens et salue les bons résultats de la majorité présidentielle en région parisienne. Il conclut la soirée, copieusement applaudi par ses alliés, par ces mots: «Maintenant on va boire un coup!» De quoi oublier quelques heures l’échec de sa coalition.
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