« Mizrahim », de Michale Boganim : Terre hostile

Dans Mizrahim, Michale Boganim met au jour le racisme dont sont victimes en Israël les juifs non ashkénazes.

Christophe Kantcheff  • 7 juin 2022 abonnés
« Mizrahim », de Michale Boganim : Terre hostile
© Ex Nihilo / Dulac Films

izrahim, le quatrième long-métrage de Michale Boganim, raconte la suite de ce que montrait Simone Bitton dans Ziyara (lire Politis n° 1682, 1er décembre 2021). Il y était question de l’empreinte laissée au Maroc par les juifs exilés en Israël, dans les années 1950, et du souvenir de la cohabitation entre ceux-ci et les musulmans. Le film de Michale Boganim évoque l’accueil réservé aux juifs issus de pays du Maghreb ou du Machrek – surnommés les Mizrahim. Ils avaient en tête le mythe de la terre promise. Ils ont très vite déchanté.

Les responsables du pays ont d’emblée procédé à une première discrimination – suivies de nombreuses autres, voire de crimes (vols de bébés) : aux Ashkénazes les grandes villes, alors que les Mizrahim sont envoyés dans des territoires excentrés et démunis, destinés à peupler des villes dites « de développement ».

La cinéaste se rend dans ces villes (Ashkelon, Kiriat Gat, Dimona…), où elle recueille les témoignages de Mizrahim de différentes générations (qu’elle ne filme jamais de face, sans que cela ait une signification précise). Tous en attestent dans un constat sans appel : le pouvoir israélien est raciste et la société qui en résulte a deux vitesses. Les Blancs sont les juifs offrant une image honorable du pays, les « Noirs » (ainsi les désigne-t-on) sont relégués, méprisés, voués, dès leur plus jeune âge, à constituer un prolétariat bon marché.

Le père de la cinéaste, au début des années 1970, a pris une large part à un mouvement de révolte des Mizrahim, les Panthères noires, calqué sur celui des Afro-Américains. Un rapprochement avec les Palestiniens s’était esquissé. En vain. La guerre du Kippour a tout annihilé.

Michale Boganim signe avec Mizrahim un film mélancolique, teinté d’amertume, sur un aspect de la réalité israélienne peu abordé.

Mizrahim, Michale Boganim, 1 h 33.

Cinéma
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