Avignon in : « One Song », une boucle musclée
Miet Warlop raconte de façon singulière sa propre histoire artistique.
dans l’hebdo N° 1715-1719 Acheter ce numéro
Réputée dans le monde et souvent programmée en France, l’artiste belge Miet Warlop déploie depuis sa première création, Sportband/Afgetrainde Klanken (2005),un univers plein de motifs récurrents qui s’agencent dans chaque pièce d’une manière différente. Des musiciens y courent souvent jusqu’à la chute. Des sportifs y jouent sans peur des fausses notes, à fond. Et si tout ce monde à bout de souffle parle parfois, ce n’est pas pour tenir un discours intelligible, mais pour délivrer des bribes de textes tirés tantôt d’une autre œuvre, tantôt de l’imaginaire de l’auteure.
One Song, le 21 septembre au festival Actoral à Marseille, les 28 et 29 septembre au Tandem à Arras, du 4 au 7 octobre au NTGent à Gand (Belgique)…
Au sujet des deux premiers spectacles du Festival, l’Iphigénie d’Anne Théron et Le Moine noir de Kirill Serebrennikov, nous parlions dans ces pages de critique de la répétition de l’histoire. Ici, la redite exalte les sens. Une seule chanson, composée pour l’occasion par Maarten Van Cauwenberghe, est répétée par un groupe de cinq musiciens qui pratiquent leur art d’une manière très musclée. Le chanteur court sur un tapis roulant, la violoniste marche sur une poutre de gym, tandis que leurs supporters les encouragent ou les huent, et qu’un pom-pom boy s’agite sans que personne y prête attention.
Si la chute est au bout de la chanson, elle ne dit pas l’échec mais la réussite de Miet Warlop : par le travail des corps et des sons, elle nous donne à comprendre sa mécanique circulaire, qui met à l’honneur la beauté et la complexité du collectif.