Bifurquer : Ces jeunes qui sautent le pas

Les moins de 25 ans sont chaque jour moins nombreux à croire aux lendemains enchanteurs promis par les grandes entreprises du secteur privé et les filières prestigieuses.

Antonin Amado  • 20 juillet 2022
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Bifurquer : Ces jeunes qui sautent le pas
© Sarah Bouillaud

Mon diplômé va craquer !

L’origine sociale n’y fait rien. Les moins de 25 ans sont chaque jour moins nombreux à croire aux lendemains enchanteurs promis par les grandes entreprises du secteur privé, mais aussi par les prestigieuses filières de formation qui les alimentent en cerveaux frais. Le formatage des esprits, même les mieux disposés, atteint désormais ses limites. Devant les urgences écologiques et sociales, le choix d’un enrichissement personnel à tout prix, quintessence de l’individualisme, pèse chaque jour moins dans les grandes orientations d’existence de ces vingtenaires en quête de sens. Les prises de parole des jeunes diplômés appelant, souvent avec virulence, à la grande bifurcation ne constituent que la partie émergée de l’iceberg. Le symptôme d’une décorrélation entre l’aspiration à vivre en symbiose avec les autres et notre environnement, d’une part, et les destructions inhérentes au capitalisme, de l’autre.

Ce grand renoncement inquiète jusqu’au sommet des organigrammes du CAC 40, qui craint l’échappement d’une « ressource » irremplaçable. Il met aussi en porte-à-faux les organismes de formation, pris entre les exigences contradictoires de leurs élèves et des secteurs économiques qu’ils sont censés nourrir de main-d’œuvre qualifiée.

Ce changement de paradigme porte intrinsèquement un bouleversement politique, quand bien même les moins de 30 ans ont massivement boudé les urnes lors des dernières élections présidentielle et législatives. Le rite du vote, à force de promesses déçues et de discours travestis, est dévalorisé aux yeux d’une jeunesse qui cherche d’autres formes d’action, davantage en prise avec ses réalités quotidiennes. Un engagement qui pousse les jeunes à signer des pétitions, à être actifs sur les réseaux sociaux ou bien à boycotter des marques ne respectant pas leurs valeurs, par exemple en matière de droits humains.

Pour réellement peser et prendre en main notre avenir commun, cette génération, qui ne manque ni d’énergie ni de volonté, et encore moins d’idéaux, est désormais confrontée à un choix : soit s’impliquer à nouveau dans la vie de la cité de manière classique, soit inventer une nouvelle manière de peser, d’agir, de combattre. S’il n’existe pas un chemin unique, il est plus que temps de se mettre en route.

Illustrations de Sarah Bouillaud pour Politis. www.sarabou.fr

Société
Temps de lecture : 2 minutes
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