Blue Skies, de Dehd : Bleu électrique

Originaire de Chicago, Dehd est né en 2015 de l’alliance musicale entre Jason Balla (chant, guitare), Emily Kempf (chant, basse) et Eric McGrady (batterie) – la composition du groupe n’ayant pas varié depuis ses débuts. Dotée d’une présence charismatique et d’une voix magnétique, Emily Kempf s’affirme distinctement comme la figure centrale du trio. Loin de n’être que de simples faire-valoir, Jason Balla et Eric McGrady contribuent eux aussi pleinement à l’alchimie sonore de Dehd.

Très proches dans la vraie vie, les trois acolytes (aujourd’hui dans leur trentaine) conçoivent ensemble les chansons. Ainsi unie, la petite bande pratique un rock dynamique et mélodique, nimbé d’un halo romantique, avec une (faussement ?) nonchalante légèreté de geste typique de la mouvance do-it-yourself. On y décèle notamment la marque des girl bands des sixties (Shangri-Las, Ronettes…), de la noisy-pop et du post-punk. De toute évidence, Dehd ne cherche pas à (ré)inventer la poudre, ce qui n’empêche pas le trio de joliment flamboyer. Sa puissance de feu paraît atteindre son degré le plus intense sur son quatrième album, Blue Skies, qui vient de paraître et succède à Flower of Devotion (2020). Après une courte ballade minimaliste en suspension (« Control »), le rythme s’emballe et la température monte en flèche avec « Bad Love », crépitante bombinette qui évoque The Jesus and Mary Chain (influence majeure).

Fort bien mis en relief par la (post-)production, lui offrant un son net et précis, l’album déverse au total treize chansons, plus ou moins enlevées. La plupart se révèlent d’une imparable immédiateté, notamment « Bop », « Memories », « Waterfall », « Empty in My Mind » et « No Difference ». Aussi radieux et euphorisant qu’un ciel tout bleu, l’ensemble s’accorde à merveille à l’été.

Blue Skies, Dehd (Fat Possum Records).